Les oreilles de qui ??
Traduit du suédois ( Editions Gaïa, 411 pages, 24 €)
Si vous aimez la littérature contemporaine nordique facile ,
vous apprécierez surement ce bouquin.
« J’avais sept
ans quand j’ai décidé de tuer ma mère. Et dix-sept ans quand j’ai finalement
mis mon projet à exécution. » .
Quelle phrase d’ouverture , une sacrée
« accroche » assurément !
Rassurez-vous le récit qui s’ensuit n’a rien
de « gore » , ni un
cheminement policier classique.
Eva , bonne dame
vivant en couple sur la côte Ouest de la Suède , s’apprête à vieillir plutôt tranquillement
entre ses rosiers , ses quelques amies fidèles et sa vie apparemment sans
aspérités.
Sa petite-fille préférée lui ayant offert un joli carnet,
elle va commencer, un peu au hasard semble-t- il ,un journal intime, qui s’ouvrira tout de même sur cette
phrase terrible.
L’heure
est venue de consigner ses mémoires et de solder les comptes avec une mère
éminemment toxique , et des souvenirs somme toute très encombrants
quoiqu’assumés…
L’histoire est bien ficelée , avec ce qu’il faut de rebondissements
et de coups de théâtre, l’écriture claire et agréable ( beaucoup de dialogues)
et si le récit flirte parfois avec une
certaine perversité candide quand il revisite l’enfance et l’adolescence d’Eva
dans une Suède des années 60 un peu cafardeuse -c’est à ce moment qu’on
comprendra le titre - il recèle aussi beaucoup d’humour (les relations
de couple des trois amies) , de notations sur la solitude moderne (la vieille dame
dont s’occupe Eva et qui finit à l’hospice…enfin presque) et il est plein de ce
solide bon sens scandinave pour nous si plein de charme et de chaleur discrète.
Une lecture parfaite pour des vacances, ou pour
« débrancher » tranquillement le temps d’un week-end.
Si on n’atteint
pas à la littérature à proprement parler, on passe un bon moment en partageant
les grandes émotions d’une vie ( joli
récit d’un premier amour par exemple) dans une construction romanesque
« qui fonctionne » .
On comprendra Eva , on ne l’excusera peut-être
pas toujours pour autant.
C’est par ailleurs un peu trop typiquement un livre
« de femmes » (les hommes sont
un peu falots dans cette fiction ; certains en seront cruellement punis
d’ailleurs…) mais on tourne vite les pages : un plaisir de lecture qui
s’apparente à la dégustation un peu gloutonne d’une pâtisserie pas forcément
inoubliable mais si agréable sur le moment !
Mior
Maria Ernestam
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Mior