mercredi 5 septembre 2012

Encyclopédie capricieuse du tout et du rien , de Charles Dantzig


...je l'avais achetée à sa sortie, charmée par le titre, n'avais jamais trouvé le temps de m'y plonger, je décidai de l'emmener en vacances :



C'est un livre... de listes (pour lesquelles je dois avouer moi-même un goût prononcé) placé tout naturellement sous la protection tutélaire de Sei Shônagon, femme de cour japonaise du XI ième siècle dressant de sublimes listes dans ses "Notes de Chevet" (très belle réédition en format poche chez Gallimard, au fait) 

" La liste est la forme d'écrit la plus naturelle à l'homme: enfant , il envoie une liste au Père Noël; adulte , il fait des listes de courses, de comptes , de maîtresses ou d'amants. Tout le monde dresse des listes. On peut les juger banales. Ou bien la forme la plus rudimentaire de littérature. Et le rudiment, comme l'ont montré les peintres, il suffit de le raffiner. De Lascaux faisons Picasso"
Avec de beaux titres : "liste de la pluie" , "liste ténue du tact" , "liste de beaux gestes", "liste des fils malheureux" ...

Mais c'est aussi un essai aussi qui procure le plaisir d’une organisation apparemment hétéroclite et en réalité très savante. Il y a un côté "au fil de la plume" certainement très travaillé, et du style.

Charles Dantzig est écrivain, essayiste (il y eu déjà un très bon "Dictionnaire égoïste de la littérature française" en 2005) poète , directeur de collection... 
Que de talents , et d'érudition ! il fallait vraiment " en avoir sous le pied" pour se lancer dans pareille entreprise, et tenir sur la longueur (près de 800 pages)

Dans Le Journal du Dimanche (8 février 2009), Bernard Pivot dit :
 « c'est probablement un travail sans précédent : faire l'inventaire de son cerveau comme on le ferait de son bureau. Un livre singulier, buissonnier, pittoresque, fantaisiste, extravagant, mais aussi amusant, insolent, passionnant, poétique, séduisant, irritant, utile, futile, toujours intelligent. Ça fourmille, ça gambade, ça digresse, ça pétarade, ça prolifère. Charles Dantzig est intenable. Il a tout lu, tout vu, tout entendu, tout retenu. »

Bien sûr il y a un certain chic parisien qui peut agacer et confiner au dandysme un peu daté, mais quel brio!

Ce livre a très bien supporté d'être lu sur la plage -tous ne peuvent pas en dire autant- ses très courts paragraphes se prêtent bien au métro également , ou à la très succincte lecture des soirs fatigués ; c'est un beau cadeau à faire dans l'édition grand format, aérée , beau papier, belle police et puis ça existe aussi en poche pour les moments moins fastes...  

Mior

  


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Mior