dimanche 16 septembre 2012

"Et il ne pleut jamais, naturellement" de Béatrice Commengé


Ouvrage court , sensible et érudit, rédigé dans une langue aussi simple que raffinée.
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La narratrice nous raconte, alors que son père perd la mémoire, des bribes de ce que fût sa vie :

l'amour fou avec Eugénie qui quittera les brumes de Bruxelles et son premier mari pour la clarté d'Alger  (où " il ne pleut jamais, naturellement") leur correspondance auparavant, alors qu'ils se trouvent séparés , leur union dont la narratrice est le fruit.

Eugénie est morte , Louis se perd maintenant dans le brouillard de la perte de mémoire et oublie jusqu'aux visages, même le sien propre. Sa fille, attentive , le rase , lui parle et se souvient, comme "pour lui".

"Pas plus que je n'ose prononcer son nom, je n'ose évoquer Eugénie devant Louis. C'est elle que je devine pourtant sous ses paupières ,chaque fois qu'il ferme les yeux. De toute façon, je suis condamnée à être la mémoire de Louis. A l'inventer."

En parallèle , l'auteur évoque la destinée du poète Hölderlin , son grand amour  impossible pour Suzette Gontard et l'égarement mental de toute la  deuxième partie de sa vie.

Eugénie , idéale  -idéalisée?-  est évoquée comme la Diotima d'Hölderlin , le nom donné dans ses oeuvres à la figure sublimée de Suzette.


Un beau récit sur la fuite du temps et de ce qui nous constitue, et sur  le mystère de l'organisation du cerveau humain.

"En traversant le petit bois pour nous avancer jusqu'au banc, je n'ose demander à Louis le nom de ce lointain vers lequel il s'approche. Qu'importe, puisqu'il est délivré." 

Mior

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Mior