Première lecture pour ELLE ; catégorie document.
Dans ce récit manifestement autobiographique, Emmanuelle Bernheim nous raconte comment son père, André, 88 ans, diminué après un AVC, lui demande de "l'aider à en finir". Et ce qui s'ensuivra.
Si ce témoignage aborde un sujet sensible et par essence passionnant, comment on sort de la vie, je dois reconnaître que j'ai été intéressée mais que je n'ai jamais été émue.
En cause, ce style télégraphique difficile à supporter, même sur 200 pages seulement.
Des phrases courtes, très bien, mais pourquoi tant de détails si peu intéressants ?
Exemple d'un paragraphe, choisi presque par hasard, et retranscrit dans son entier :
Ischémie, aphasie, ataxie, dysarthrie, hémiparésie, hémiplégie droite, lobe gauche , je m'y perds, les mots se brouillent. J'éteins l'ordinateur.
Mes yeux brûlent, si secs que le moindre clignement m'est douloureux.
Je file dans la salle de bain.
Il est quatre heures du matin. Je porte mes lentilles de contact depuis près de vingt heures. C'est beaucoup trop.
J'essaie de les enlever, mais je ne peux même pas les saisir tant adhèrent à mes cornées desséchées.
Je ne peux rester comme ça.
Je fouille l'armoire de toilette à la recherche d'un collyre , ou de sérum physiologique.
Enfin, je trouve un tout petit flacon.
Je renverse la tête en arrière et j'instille au bord de mes paupières une, deux, trois, quatre, cinq larmes artificielles. (p.23)
Un des aspects plus attachants du récit est la belle relation de la narratrice avec sa soeur , avec qui elle va partager cette épreuve. Leur complicité , leurs fous-rire parfois .
Leur complicité depuis l'enfance, face à un père pas facile, dans le fond , quoique adoré et extrêmement respecté.
Un personnage, un monstre sacré familial.
Intelligent, cultivé, égocentrique, aimant mais très dur aussi, définitif dans ses jugements, esthète et gourmand, toujours lié avec la mère de ses filles mais homosexuel, choisissant parfois mal ses amis: un de ses derniers amants le terrorise et s'opposera violemment à son choix.
Ayant finalement choisi le suicide assisté en Suisse, la famille Bernheim va se heurter à des complications difficilement imaginables; le récit s'accélère alors et devient proche du thriller dans les cinquante dernières pages. Une bonne fin (sans cynisme de ma part)
ELLE me demande une note . Je mets 12.
Mior
Dans ce récit manifestement autobiographique, Emmanuelle Bernheim nous raconte comment son père, André, 88 ans, diminué après un AVC, lui demande de "l'aider à en finir". Et ce qui s'ensuivra.
Si ce témoignage aborde un sujet sensible et par essence passionnant, comment on sort de la vie, je dois reconnaître que j'ai été intéressée mais que je n'ai jamais été émue.
En cause, ce style télégraphique difficile à supporter, même sur 200 pages seulement.
Des phrases courtes, très bien, mais pourquoi tant de détails si peu intéressants ?
Exemple d'un paragraphe, choisi presque par hasard, et retranscrit dans son entier :
Ischémie, aphasie, ataxie, dysarthrie, hémiparésie, hémiplégie droite, lobe gauche , je m'y perds, les mots se brouillent. J'éteins l'ordinateur.
Mes yeux brûlent, si secs que le moindre clignement m'est douloureux.
Je file dans la salle de bain.
Il est quatre heures du matin. Je porte mes lentilles de contact depuis près de vingt heures. C'est beaucoup trop.
J'essaie de les enlever, mais je ne peux même pas les saisir tant adhèrent à mes cornées desséchées.
Je ne peux rester comme ça.
Je fouille l'armoire de toilette à la recherche d'un collyre , ou de sérum physiologique.
Enfin, je trouve un tout petit flacon.
Je renverse la tête en arrière et j'instille au bord de mes paupières une, deux, trois, quatre, cinq larmes artificielles. (p.23)
Un des aspects plus attachants du récit est la belle relation de la narratrice avec sa soeur , avec qui elle va partager cette épreuve. Leur complicité , leurs fous-rire parfois .
Leur complicité depuis l'enfance, face à un père pas facile, dans le fond , quoique adoré et extrêmement respecté.
Un personnage, un monstre sacré familial.
Intelligent, cultivé, égocentrique, aimant mais très dur aussi, définitif dans ses jugements, esthète et gourmand, toujours lié avec la mère de ses filles mais homosexuel, choisissant parfois mal ses amis: un de ses derniers amants le terrorise et s'opposera violemment à son choix.
Ayant finalement choisi le suicide assisté en Suisse, la famille Bernheim va se heurter à des complications difficilement imaginables; le récit s'accélère alors et devient proche du thriller dans les cinquante dernières pages. Une bonne fin (sans cynisme de ma part)
ELLE me demande une note . Je mets 12.
Mior
A l'occasion, j'aimerais découvrir ce livre, j'avais bien aimé l'émission de La grande librairie avec E. Bernheim, Jeanne Benameur, Guillaume de Fonclare et... ? Tu mets quelques bémols, on verra...
RépondreSupprimerEh bien oui, j'ai été un peu déçue , alors que le sujet même m'intéresse bcp.
RépondreSupprimerTrop "banal" , ça ne décolle pas, sauf la fin , surprenante.
Mais ce n'est pas un mauvais livre!
Eh , bravo pour les 3 ans !!
Mior
Moi j'ai adoré!! Larme à l'oeil et tout le toutim. Je crois que nous n'avons vraiment pas les mêmes goûts, mais c'est cela qui fait l'intérêt du jury.
RépondreSupprimeron verra si ça se confirme, sur la suite de la sélection !
SupprimerMior
Coup de coeur pour moi (le deuxième dans ma sélection de septembre mais l'autre n'a pas passé le stade de la présélection et n'est pas arrivé jusqu'à vous).
RépondreSupprimerquel était cet autre livre que tu avais beaucoup aimé?
SupprimerMior
j'ai adoré! gros coup de coeur, j'espère qu'il aura le prix "document"
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