jeudi 9 octobre 2014

" Une enfance dans la gueule du loup " de Monique Lévi-Strauss

C'est Le goût des livres d'Aifelle qui a attiré mon attention sur ce témoignage, elle qui l'a aimé au point de le "pépiter" chez Galéa . 

Je serai brève car malheureusement je n'ai pas été convaincue pour ma part.

Oui , ce récit est singulier, étonnant, intéressant et certainement retracé avec beaucoup d'honnêteté :


« Le récit de mon enfance peut se lire comme un témoignage : le destin singulier d’une enfant belge, fille de mère juive, à qui on impose de vivre en Allemagne de 1939 à 1945 sous le IIIe Reich.
Ce livre raconte aussi l’histoire d’une adolescente aux prises avec ses parents qu’elle juge irresponsables parce qu’ils ont entraîné leur famille dans la gueule du loup.
J’aurais dû tenir un journal entre treize et dix-neuf ans, pendant ces années de guerre où mon père nous avait emmenés dans l’Allemagne nazie, ma mère, mon frère et moi. Or, dès mai 1940, la Gestapo perquisitionnait nos chambres. Nous étions prévenus : toute trace écrite pouvait nous trahir. Non seulement nous devions nous taire, mais ne rien posséder de suspect.
Rentrée en France en 1945, les épisodes que je venais de vivre bouillonnaient dans ma tête, j’aurais tant aimé en parler. Personne pour m’écouter, on voulait tourner la page.
Si j’avais été perspicace, j’aurais prévu qu’un jour une nouvelle génération s’intéresserait à la vie quotidienne pendant la guerre. Je n’ai pas anticipé, je n’ai pas écrit en 1945.
J’ai donc attendu presque soixante-dix ans avant de livrer mes souvenirs décharnés."

Décharnés, oui, c'est peut-être le mot... 
Je le dis sans jugement mais si j'ai lu le récit d'une traite (deux cent pages écrit gros) je n'ai jamais ressenti d'émotion mais une bizarre sensation de très (trop) grande distanciation.
Probablement est ce dû au très grand laps de temps qui s'est écoulé entre ces aventures incroyables et leur retranscription : près de soixante dix ans c'est énorme, ceci peut expliquer cela. 

Mme Lévi-Strauss est maintenant une dame très âgée -elle est née en 1926- et bien sûr elle a fait la part des choses, et "récupéré" de cette très étrange adolescence. On peut d'ailleurs être admiratif de la vivacité de sa très grande mémoire.

Néanmoins, avec le passage du temps, les couleurs se sont affadies, ça ne "bouillonne" plus et le récit reste étrangement froid.
Peut-être est-ce lié également à une très grande pudeur , assez typique de sa génération ? 

MIOR 

10 commentaires:

  1. J'étais tentée après le billet d'Aifelle, je le reste, mais l'emprunterai prudemment à la bibliothèque ! Le sentiment de trouver un récit froid peut varier d'une lectrice à l'autre.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. il est programmé pour la prochaine réunion de mon Club de lecture, je verrai comment les autres l'ont reçu ; mais même si je suis d'accord avec Aifelle sur l'intérêt du livre, autant le fait de ne pas être touchée m'a gênée. Evidemment c'est subjectif !

      Supprimer
  2. Tu es la deuxième a exprimer cette réserve, alors que je n'ai pas eu du tout cette impression. Je pense plutôt que c'est, comme tu le dis à la fin, une grande pudeur liée à cette génération et à ce milieu, où l'on garde toujours sa dignité. Je me demande si l'envahissement dans nos vies de récits extrêmement impudiques, voire exhibitionnistes, n'a pas altéré notre vision des choses au fil du temps ..

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce que tu dis n'est peut-être pas faux , Aifelle ! Ce que j'ai trouvé dommage , c'est que rien n'est jamais développé, élargi . Parfois ça fait mouche , par la concision même , parfois ça laisse presque mal à l'aise : quand les prisonniers de Buchenwald sont soignés, renvoyés au camp ( !...) et qu'elle conclue ce paragraphe un peu " comme si de rien n'était " , par exemple .

      Supprimer
  3. C'est très intéressant ton billet, il est possible que ce que tu vois en distance, ne soit en fait que de la pudeur effectivement. Comme Aifelle, je crois qu'on est tellement abreuvés de récit qui détailles et décortiquent que finalement, on se retrouve un peu démunis sur les récits plus elliptiques et moins dans l'affect. Je suis curieuse de voir comment ce livre va être reçu car il est dans la sélection ELLE 2015. Après, survivre à tout cela (subir la traque, échapper aux camps et le silence du retour), nécessite peut-être un filtre pour en parler. Je pense que je le lirai.
    Des bises Mior

    RépondreSupprimer
  4. qui détaillent ....(pardon de me relire toujours après) j'ai honte

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce qui m'a manqué , ce ne sont pas des pages et des pages d'analyse psychologique ( quoique, sur sa famille , on aurait aimé , et la 4ieme de couv´ est trompeuse de ce point de vue là ) mais plus de détails , d'anecdotes , de portraits des gens qu'elle côtoie, par exemple, ds les années allemandes. La suite est presque plus intéressante : le départ aux USA à la fin de la guerre puis le retour en France . C'est quand même sec au point qu'on a du mal à imaginer cette incroyable aventure, à se mettre à sa place , tu vois . Elle ne recrée pas un monde pour nous , elle n'y arrive pas probablement à cause du passage du temps. Le livre aurait pu exister sous forme d'entretien, peut-être y aurait- il gagné. Attention ce livre n'a rien d'indigne , bien au contraire ! mais s'est avéré une lecture un peu frustrante, pour moi

      Supprimer
    2. D'accord, je comprends ce que tu veux dire, il t'a manqué la construction du décor en somme, je vois très bien, c'est souvent le cas dans les témoignages ....

      Supprimer
    3. ...et un témoignage à soixante dix ans des faits, ce qui n'est pas courant ...

      Supprimer
  5. tes réserves sont intéressantes, je pense que je le lirai quand même car le sujet a éveillé ma curiosité, mais ton billet a tempéré mon enthousiasme à l'idée de le lire!

    RépondreSupprimer

Merci de votre visite, et de votre commentaire ;-)
A bientôt !
Mior