dimanche 8 mars 2015

" L'arabe du futur " de Riad Sattouf

Bon, allez, on ne va pas tourner autour du pot, franche déception pour moi que ce roman graphique conquis de haute lutte après réservation à la bibli, et dont je me léchais les babines par avance, trouvant Riad Sattouf très "goutu" à l'oral et éminement sympathique.

4ième de couv' : 
ce livre raconte l'histoire vraie d'un enfant blond et de sa famille dans la Libye de Khadafi et la Syrie d'Hafez Al-Assad.

En effet, le père de Riad Sattouf, prof de fac, syrien de naissance, tardant à trouver son premier poste en France accepta une nomination en Lybie , puis en Syrie ( à Homs précisément). 
Il partit dans l'enthousiasme, avec ses idées (modérément) progressistes de ce que devait être "l'arabe du futur", sa femme bretonne (désormais cantonnée à la maison, ce qui ne lui posait -au père- aucun problème) et son premier-né, blond comme 
les blés (ce qui ne devait pas laisser de fasciner , comme on s'en doute...)
Voyez plutôt :




Si n'importe qui d'autre avait écrit cette Bd, il serait taxé de condescendance, pour rester poli, envers le monde arabe. 

Affreux, sales et méchants. 

C'est ce que semblent être (presque) tous les libyens et les syriens croisés par la famille Sattouf, ceux de la rue comme ceux de la famille paternelle : les oncles (terrifiants) les cousins (consternants) la grand-mère (pas forcément mauvaise mais assez incompréhensible tout de même)

Le père Sattouf est très très limite (réflexions affligeantes, blagues nulle et machisme tranquille mais très affirmé tout de même). J'ai eu beaucoup de mal avec lui , j'avoue !

Tout du long du récit on se demandera ce que la mère vient faire dans cette galère (car elle a l'air sensée, et peu éprise dès le départ) et on la plaindra bien sincèrement.

Alors , oui, certaines situations sont cocasses, le coup de crayon est souvent réjouissant.
Cette enfance un peu incroyable nous intéresse en rapport avec l'actualité de ces pays.

Mais j'ai été en premier lieu dubitative devant la foultitude de souvenirs d'un gamin qui n'avait guère qu'entre deux et six ans au moment des faits ...  
Cela m'a mise un peu mal à l'aise. Vrais souvenirs ou souvenirs racontés ?

D'autant plus que le point de vue est bien celui de ce petit bonhomme haut comme trois pommes, pas du tout repris et reconsidéré par l'adulte qu'est devenu Riad Sattouf .
( au contraire de Marjane Satrapi dans Persépolis, par exemple)
Pas de jugement, l'enfant accepte tout comme normal, puisque c'est ce qu'il vit .
(nous, on est quand même limite malheureux pour lui a posteriori...)

Et même si j'ai pu, de ci de là, glaner quelques informations intéressantes, en particulier sur Al-Assad ( saviez-vous qu'Al-Assad n'est pas le vrai nom du dictateur? cela veut dire "Le Lion" ) je ne me suis vraiment pas régalée, me sentant mal à l'aise tout au long de cette lecture, en grande partie à cause des idées politiques du père qui cautionne souvent les dirigeants (coincé qu'il est dans sa double culture, me direz-vous ?) et de la cruauté de ces sociétés décrites ici comme terriblement frustres et moyenâgeuses ... 
Beurk.



Bon , je sais, si vous n'aimez pas ça, n'en dégoûtez pas les autres ...
Je ne parle évidemment que de mon ressenti et n'oblige personne à tirer à boulets rouges 

Voilà par exemple d'autres avis : celui de Lili (qui aime sans aimer, je n'ai pas bien compris ;-) et celui de Philisine qui aime beaucoup.

MIOR

24 commentaires:

  1. Tu es le premier avis negatif que je vois... intéressant. Je vais quand même rester sur mon envie de le lire pour voir...

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    1. Oui bien sur , fais toi ta propre opinion ;-)
      Ben oui, le concert de louanges, ça m'agace facilement ...

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    2. ...mais peut-être ai-je eu une lecture trop " morale " ?

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  2. Je suis hésitante face à cet album que j'ai l'impression de beaucoup voir. J'ai peur moi aussi d'être agacée. On verra si je le trouve un jour à la bibliothèque.

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    1. pas agacée , mais dérangée par une vision très noire de la société syrienne et libyenne des années 80.
      Bien sûr, Khadafi et Al Assd étaient déjà là et n'encourageaient pas leurs peuples à se développer et à penser par eux-mêmes, c'est le moins qu'on puisse dire ! mais le côté "affreux ,sales et méchants" est franchement déprimant (et peut-être injuste ?)

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  3. J'y viendrai, par curiosité pour cet album qui a reçu la plus haute distinction... Mais quelque chose me dit que je serai déçue.

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    1. Rien à voir avec le plaisir ressenti à lire Persepolis , où l' amour et le respect entre les membres de la famille créaient une atmosphère vivace et ludique quoique dramatique soit le contexte . Là, j'ai parfois souri mais globalement tout est moche dans ce monde arabe qu'il découvre, c'en est déprimant

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  4. Tiens, c'est marrant, je n'avais pas envie de le lire (trop d'avis unanimes) et tes réticences m’intéressent ... car pour moi, il est évident que les soit disant républiques islamiques sont moyenâgeuses ! Obliger une femme à se voiler est quand même choquant, non ?

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    1. Oui bien sûr , mais je ne partirai pas dans ce genre de discussion ;-)
      On pourrait imaginer que subsiste une sagesse populaire, une forme d'art de vivre à l'orientale , tu vois ...
      C'est là que se niche ma déception je crois

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  5. je le lirai quand même car j'aime beaucoup Riad Sattouf, et pour me faire mon propre avis, mais tu n'es pas la première à avoir un avis très mitigé sur ce roman graphique et notamment sur la façon dont les Libyens et Syriens sont dépeints par l'auteur.

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    1. Ah tu me rassures , je n'avais pas vu d'avis négatifs, j'en ai même hésité à publier le mien !

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  6. J'ai apprécié la description de la sous-culture dans certains villages. C'est consternant et à la fois, je pense, qu'il y a une part de vérité. La bestialité humaine est aussi intiment liée à l'absence de culture. Un peuple sous pression ne peut pas être paisible.Bises et merci de ton passage chez moi et du lien !

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  7. Sous culture, je comprends ...jusqu'à un certain point . L'éducation et la culture, bien sûr c'est lié mais le sens du rapport humain c'est encore autre chose, non ?

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    1. oui, c'est bien pour cela que j'ai précisé qu'un peuple qui vit sous pression est plus violent car la pression est intrinsèquement une violence faite aux corps. Après, il arrive très souvent que rien ne justifie la bestialité de certains humains.

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    2. Je viens de te relire , tu as bcp mieux que moi retracé le contexte politique dans lequel s'inscrit cette enfance et cette éducation , et qui compte , évidemment ( c'est même un peu le sujet du livre , hein ;-)
      Mais je reste mal à l'aise, pour ma part, face à ce que je ressens comme un témoignage à charge contre le monde arabe, avec ou sans ses dirigeants .

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    3. C'est vrai que le peuple arabe n'est pas présenté de façon positive (mais j'espère qu'il n'en prendra pas ombrage, parce que selon moi, le discours de Riad Sattouf aurait pu aussi être valable aussi en Corée du Nord, où là c'est l'interdiction formelle d'approcher un étranger qui prévaut. D'un côté, la méchanceté, de l'autre l'indifférence et l'oubli). Il y a quand même une belle personnalité locale : la grand-même délicate qui veille sur la tribu. J'ai ressenti surtout l'infinie solitude de ce couple dans ce recueil et aussi, en effet, le conflit des cultures. Je comprends donc ton malaise. Bises

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    4. La grand-mère...mfff...elle fait juste le grand écart pour essayer de ne se fâcher avec aucun de ses fils !
      Aux yeux de l'enfant elle est étrange et guère rassurante ...

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    1. ...alors on aura l'occasion d'en reparler peut-être ;-)

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  9. Je suis assez d'accord. Ce livre m'a fait rire mais je me suis demandée comment beaucoup de personnes le recevraient ! Le portrait du monde arabe est vraiment pas très glorieux ! Des fois (toujours ? ) je l'ai trouvé dur.Je me suis demandée si tout était réel et si tout cela était bien honnête
    Mais j'ai aimé l'humour et les blagues... Pour ça que je le lisais, et pour ça que j'adore Sattouf. Je lui passe tout. Toujours.

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  10. Tous ces stéréotypes sur les arabes m'ont fait peur ! Quelle vision réductrice ! Beurk comme tu dis !

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    1. En effet, même si on comprend une espèce de second degré

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  11. Je note ta réticence, mais je n'ai pas du tout le même ressenti à la lecture de cette BD. Contrairement à toi, j'ai trouvé que le choix du point de vue de l'enfant, avec toute sa naïveté notamment (même si elle n'est bien évidemment pas à 100% réelle, cela reste une BD), permet de retranscrire des impressions de manière simple. Les impressions d'un enfant ne correspondent pas à la vérité, et c'est ce que j'ai aimé, outre les traits d'humour bien sûr. Bises.

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Mior