Tout commença dans un club féminin de Londres, une après-midi de février -le club était inconfortable, l'après-midi morose- lorsque Mrs Wilkins, qui était descendue de Hampstead pour faire des courses et venait de finir son déjeuner, ouvrit le Times et tomba sur la petite annonce suivante :
Si comme moi, l'eau vous monte à la bouche en lisant ces premières lignes, vous aurez peut-être envie de découvrir Elizabeth Von Arnim, cousine de Katherine Mansfield , née en 1866 en Australie, élevée à Londres, ayant longtemps vécu à Berlin et en Poméranie auprès de son premier époux, auteur d'un grand succès de librairie "Elizabeth et son jardin allemand" qui sera suivi de vingt et un romans ; la belle a ensuite une liaison tapageuse avec H.G.Wells, contracte un second mariage qui semblerait n'avoir été guère heureux, vit un peu en France , en Suisse aussi, meurt aux Etats-Unis ...et est classée auteur anglaise, de part sa langue d'écriture !
A tous ceux qui aiment les glycines et le soleil.Italie. Mois d'Avril. Particulier loue petit château médiéval meublé bord Méditerranée. Domesticité fournie. Répondre au Times sous la référence Z1000
Si comme moi, l'eau vous monte à la bouche en lisant ces premières lignes, vous aurez peut-être envie de découvrir Elizabeth Von Arnim, cousine de Katherine Mansfield , née en 1866 en Australie, élevée à Londres, ayant longtemps vécu à Berlin et en Poméranie auprès de son premier époux, auteur d'un grand succès de librairie "Elizabeth et son jardin allemand" qui sera suivi de vingt et un romans ; la belle a ensuite une liaison tapageuse avec H.G.Wells, contracte un second mariage qui semblerait n'avoir été guère heureux, vit un peu en France , en Suisse aussi, meurt aux Etats-Unis ...et est classée auteur anglaise, de part sa langue d'écriture !
Ca vous a un petit côté "chez les heureux du monde" , tout de suite , là, non ?...
Las, le sens de l'humour peut se rassir et les situations se dater irrémédiablement ; si le départ de trois jeunes femmes et d'une douairière pour une Italie de rêve donne souvent à sourire en effet, une fin digne d'une opérette m'a franchement gâté le plaisir. Rétrospectivement.
Si deux de ces dames fuient des mariages devenus pathétiquement ternes, une autre cherche un lieu où elle pourrait se reposer de sa vie mondaine (si si) la quatrième vient chauffer ses rhumatismes au soleil à peu de frais ; sous l'influence du bon soleil italien et d'une dose de dépaysement jusque là inconnu, tous vont se métamorphoser, l'acariâtre devenir bonne, la jolie-mais-qui-ne-rêve-que-de-tranquillité (re)tomber amoureuse, et les deux épouses ...rappeler leurs maris, dont les écailles tombent des yeux afin qu'ils découvrent comme elles sont délicieuses ces petites dames ...
Whouff, comment dire, ce genre de happy end il faut savoir l'amener ! Bon, il me faudrait une option B, là, pour la fin, Elizabeth, retravaillez moi ça et enlevez moi une cinquantaine de pages au passage, voulez vous ?
Tout n'est pas à jeter, loin de là, mais dans le genre anglais, léger et légèrement iconoclaste on a fait beaucoup mieux je pense (oui, je pense par exemple à "Toute passion abolie" de Vita Sackville-West ;-)
Le premier personnage du roman, c'est bien le jardin , lui est toujours authentique et convaincant; on hume de délicieux parfums, on se promène paresseusement, on s'écroule dans une chaise longue sous l'ombre d'un canisse, on fait provision de soleil...
Ce livre peut de ce point de vue remplacer avantageusement une cure de vitamine D , pensez y :-)
Extraits :
Les observations de Mrs Wilkins avaient été très mal reçues par Mrs Fisher. Chaque fois que cette femme ouvrait la bouche c'était pour dire quelque chose qu'il eut mieux valu garder sous silence. Dans le cercle que fréquentait Mrs Fisher on n'évoquait pas son mari à tout propos. Autour de 1880, sa grande époque, les maris étaient pris très au sérieux -il n'existait pas d'autre remède contre le péché. Des lits non plus on ne parlait, quand vraiment on ne pouvait l'éviter, qu'avec un luxe de précautions oratoires. En tout cas jamais on ne se serait permis de faire apparaître dans une même phrase un lit et un mari.
...A cette pensée elle s'était sentie esseulée. Elle désirait passionnément être seule, mais redoutait l'esseulement plus que tout. A aucun prix elle ne voulait plus sentir en elle cette douleur, cette brûlure de la solitude qui l'avait toujours poussée à courir les réceptions, les soirées. Et depuis quelque temps, même les soirées les plus mondaines semblaient ne plus offrir qu'une mince protection contre le mal qui la rongeait. Etait-il possible que la solitude ne fût pas le fruit des circonstances, mais d'une disposition intérieure ?
...elle était seule comme tous ceux qui, ayant épuisé le temps qui leur avait été imparti sur terre, ne sont plus là qu'en surnombre, seule comme une vieille femme sans enfants ni amis. Il semblait que les mortels ne pouvaient être heureux que par deux, par paires -n'importe quelle paire, pas nécessairement des paires d'amants mais des paires d'amis, de mères et d'enfants, de frères et de soeurs- , et Mrs Fisher n'avait évidemment pas de quoi composer une paire de quoi que ce fût.
En général , tout le monde adore, la dernière qui l'a dit c'était Athalie
MIOR.
Oui c'est vieilli , mais cela garde un charme étonnant. Je navais rien lu d'équivalent mais évidemment il faut se laisser un peu aller , il faut jouer le jeu comme lorsqu'on regarde Downton Abbey .
RépondreSupprimerje me vautre dans "Downton" avec beaucoup de plaisir!ici j'ai trouvé les portraits psychologiques trop peu fouillés ; il faut prendre la chose dans son ensemble, comme une fable en quelque sorte, et "gober" la chute, finalement très convenue...
SupprimerTu remplis ta mission à la perfection et donne clairement envie de lire ce livre. J'aime beaucoup les extraits choisis et la couverture a un petit coté rétro que j'adore.
RépondreSupprimerah tant mieux , je ne voulais pas éloigner quiconque de cette lecture, même si pour moi l'enchantement n'a pas été au rendez-vous ;-)
SupprimerJe peux comprendre ta réticence. Mais ce roman est presque un conte, l'Italie est presque un pays imaginaire où tout semble possible pour ces londoniennes engourdies par le fog ! Je l'avais trouvé vraiment lumineux et rassérénant ce roman. Pour une fois que je laisse mon pessimisme de côté !
RépondreSupprimerc'est un conte en effet ; la fin m'a laissée ...sur ma faim !
SupprimerMoi, j'aime l'Italie sous toutes ses formes, même celle de cet imparfait mais tout de même délicieux "Avril enchanté" !
RépondreSupprimeroui,je sais que ce livre plait souvent beaucoup , c'est pourquoi je n'ai pas voulu tirer à boulets rouges :-) mais pour moi une déception quand même
SupprimerMoi aussi je l'avais lu comme on se délecte d'un bonbon acidulé ;) Tu as raison, les descriptions du jardin sont merveilleuses, elles ont le don de ramener le soleil en hiver. Pour la fin, certes c'est archi-convenu, mais mon côté fleur bleue ne s'en est pas offusqué ;) Ceci dit, je garde toujours sous le coude "Toute passion abolie" que tu m'avais donné envie de lire !
RépondreSupprimerchic, j'espère qu'il te plaira :-)
SupprimerLes portraits m'avaient paru plus convaincants, plus impertinents, et le questionnement sur le mariage plus ...acidulé !
Si tu veux de l'auteur quelque chose de moins 'conte', lis Vera... (et ne me remercie pas! ^_^)
RépondreSupprimermerci du conseil ; et puisque c'est toi qui le dis , j'essaierai :-)
SupprimerLu ai siècle dernier, et je n'en suis pas remise...
SupprimerJ'ai lu aussi Mrs Skeffington, quel beau roman.
Oui, j'en ai lu plein, j'ai eu ma période Von Arnim.
je lui laisserai une deuxième chance, tu as l'air de dire que tout n'est pas aussi sucré
SupprimerAh oui, tu dois essayer "Vera" qui est absolument génial et qui n'a rien à voir avec "Avril enchanté". Je plussoie également pour "Mrs Skeffington".
Supprimerje note, je note, ladies :-)
SupprimerJe l'ai lu deux fois et j'ai aimé le film de Mike Newell qui en a été tiré.
RépondreSupprimeron imagine bien le film qui pourrait être tiré de l'oeuvre, en effet ; avec Maggie Smith dans le rôle de Mrs Fisher of course :-))
SupprimerFlûte alors, je l'ai dans ma PAL ! J'espère qu'il m'amusera plus que toi !
RépondreSupprimerj'avais envie de lire du léger, du riant, mais on m'avait probablement trop vanté les mérites de cet ouvrage ... tu me diras, à l'occasion
SupprimerComme tu le dis : une cure de jouvence
RépondreSupprimerj'ai parlé plutôt d'une cure de vitamine D ;-)car le cadre et l'ensoleillement sont bien mis en valeur; mais en revanche il y a un petit côté "roman pour dames" qui n'a pas très bien vieilli je trouve...
Supprimerc'est que je me suis laissée enchantée par ce roman, et peut-être justement pour ce côté un peu vieillot, d'un roman pour dame bien rangées ... Merci pour le lien !
RépondreSupprimerMy pleasure, my dear ;-)
SupprimerJ'ai vraiment adoré ce livre, ainsi que tous ceux d'Elizabeth Von Arnim, d'ailleurs. Et quand on connait l'Angleterre en hiver, on comprend tout !
RépondreSupprimerSi tu le dis .... ;-)
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