lundi 5 novembre 2012

Hopper ou l'inquiétante étrangeté...


      

Sur une impulsion et comptant sur ma bonne fortune , je me suis rendue au Grand Palais en nocturne . 

Bien m'en a pris , peu de monde et cette atmosphère délicieuse de soirée au musée...

Je suis ressortie éblouie ; je me faisais une joie de cette visite, et le plaisir fut total. 

Un accrochage sobre , une belle mise en lumière et de l'espace pour savourer ces grands formats, tout d'abord ; une rétrospective très complète , 128 oeuvres dont des gravures et des aquarelles .

Ensuite l'oeuvre elle-même , son "ultra-moderne solitude" qui séduit et fascine même. 

En effet, Hopper semble toujours "suggérer toute la puissance d'une histoire sans livrer le moindre indice d'un possible dénouement" ... (hors-série Télérama)

Dès lors , voyeur comme lui, le regard plongeant dans les chambres ouvertes au niveau du métro aérien , nous imaginons , nous spéculons , nous interprétons...

Ce couple s'ennuie -t-il à mourir ou est-il seulement dans la vacuité d'une soirée trop chaude dans la grande ville ?



Ou peut-être même sommes-nous dans un décor de théatre, finalement ?
La pièce va tout juste commencer ! 

Regardez ce bref panorama , on y découvre Hopper illustrateur ( ce qu'il fit pendant longtemps pour gagner sa croûte). Formidable !
http://www.20minutes.fr/culture/diaporama-2695-photo-717761-edward-hopper-grand-palais

A noter que la multiplication de l'oeuvre  (couvertures de livres , cartes postales, etc) ne l'a pas affaiblie et qu'elle n'en altère pas l'intérêt et la densité. Heureuse surprise...

Hopper qui semble avoir un statut iconique  aux Etats-Unis , a été un grand amoureux de Paris. Il dit avoir mis longtemps à s'en défaire.
Et pour nous pourtant , son oeuvre est forcément américaine : archétypes , mythe de la banalité, la ville comme agent de déshumanisation mais aussi la Nature, tout y est, en somme !

Paradoxes : la palette (magnifique et inhabituelle) est composée essentiellement de couleurs froides mais les tableaux baignent dans la lumière du soleil
L'inspiration est figurative mais elle atteint au surréalisme
L'érotisme sourd dans beaucoup de toiles mais c'est un érotisme froid
Les scènes sont banales mais presque inquiétantes , "l'inquiétante étrangeté" dont parlait le bon Dr Freud ? ...

 Arte a diffusé un bon reportage sur la genèse de l'oeuvre par l'auteur , "la toile blanche d'Edward Hopper" :
2012-2217183.phpttp://videos.arte.tv/fr/videos/la-toile-blanche-d-edward-hopper-extrait--6989090.html


Edward se maria à 42 ans avec Joséphine qui en avait 41 , en 1924 . 
Elle était peintre elle aussi et avait fait une jolie carrière pendant une quinzaine d'années .
Ils ne devaient pas avoir d'enfants , l'oeuvre d'Edward remplit  en quelque sorte ce rôle.

Ils vécurent en ermites sur Washington Square et dans cette maison du Cape Cod (photo)  dans une très grande promiscuité physique et artistique: Josephine , très exclusive, exigea en effet d'être son seul modèle 

Il semblerait que leur enfer conjugal n'ait rien eu à envier à celui des Tolstoï...

http://www.leparisien.fr/loisirs-et-spectacles/un-solitaire-qui-n-a-peint-que-sa-femme-10-10-2012-2221111.php

...Josephine mourut neuf mois après Edward...

MIOR


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Mior