mercredi 12 décembre 2012

"Elena" un film d' Andreï Zviaguintsev

  sorti en DVD récemment

 Ce film sombre et sans appel débute par un plan fixe de sept minutes.

 Un beau quartier moscovite, le balcon des grands appartements d'un immeuble cossu ; un arbre dénudé par l'hiver ; une corneille vient se poser ; une autre la rejoint .
 Lumière du matin.

Et tout de suite on est pris . On se demande s'il y a une parabole à comprendre avec cet oiseau solitaire, rejoint par un autre , puis seul à nouveau...

La caméra pénètre dans l'appartement. Une femme , entre deux âges , le corps lourd , se lève ; prépare le café et va réveiller son époux dans la chambre voisine . Peu de paroles . Pas de tensions pourtant.  "Que fais tu aujourd'hui" demande-t-il ;  "un peu de rangement puis je vais aller voir mon fils" répond elle . 
Temps réel . Pas de "cinéma".

Nous venons de rencontrer Elena et Vladimir ; ils sont mariés depuis une dizaine d'années;
il est prospère , on se doute qu'elle n'est pas du même milieu . Il est , sans surprise , plus vieux qu'elle . Ils ont chacun un enfant d'une union précédente, lui une fille fantasque et détachée, elle un fils au chômage , incapable de subvenir aux besoins de sa propre famille.

Vladimir fait un malaise cardiaque , pense à la mort , décide de faire un testament.
Et là , tout se précipite . Un peu dans le sens chimique du terme...

C'est un très beau film , grave et puissant. Peu de musique, pas d'artifices.
Une très belle palette de couleurs, les gris bleutés d'un hiver moscovite... 
 Porté par une très bonne interprète, le personnage d' Elena nous captive dès le début.
On le la juge pas , pour autant on ne la comprendra pas forcément.

De Zviaguintsev , j'avais vu "le Retour" , aussi excellent que glaçant ; cet opus est de la même veine . Le monde va, il va même surement à sa perte . 
Et qu'y pouvons nous, semble nous dire le cinéaste...

Comme Woody Allen il y a peu avec son "Match Point", Zviaguintsev nous livre une sorte de "Crime sans Châtiment" .
 Mais pas d'aimable bourgeoisie londonienne ici, seulement l'âpreté d'une Russie désolée, désolante , en perte de repères. Amère et sans vergogne.

Du très beau cinéma. A ne pas rater... 

MIOR

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Mior