dimanche 4 août 2013

"Un été sans les hommes " de Siri Hustvedt


J'ai profité de l'édition au format poche (Babel) pour ce livre dont le titre semble un clin d'oeil, et l'image de couverture charme.

Sur une trame assez usée (crise de milieu de vie, mari qui tente une aventure comme on fait une sortie) Siri Hustvedt tisse un récit qui se lit avec intérêt:
 Mia, son personnage principal, vit "un été sans les hommes" , bien involontairement au départ, puis avec de plus en plus de profit.
Réfugiée dans la ville de province bien terne où elle a passé son enfance, elle va animer un atelier-poésie (elle est écrivain) auprès d'une demi-douzaine de jeunes filles, et rencontrer les amies de sa mère , octogénaires "pêchues" et assez malicieuses avec qui elle va lier amitié, en se joignant aux réunions de leur club de lecture.

 C'est dans cet aspect transgérénationnel que réside à mon sens l'aspect le plus intéressant de l'ouvrage.
 Mia s'ouvre à tous les âges de la femme,elle qui n'a pas oublié l'ado qu'elle fut et commence à penser à la vieille dame qu'elle sera.

Et puis , elle cogite, elle ressasse,elle cherche à démêler l'écheveau de ses sentiments conjugaux, entre rancune et attachement irréfutable. C'est une relecture de sa propre vie.
Cet été marquera une pause dans son trajet, pour reprendre l'image lâche de son époux...



Il est impossible de deviner l'issue d'une histoire pendant qu'on la vit; elle est informe, procession rudimentaire de mots et de choses, et, soyons francs: on ne récupère jamais ce qui fut. La plus grande partie en disparaît. Et pourtant, comme je m'efforce, assise ici à mon bureau, de le faire réapparaître, cet été pas tellement lointain, je sais que des tournants ont été pris qui ont affecté la suite. Certains ressortent comme des bosses sur une carte en relief, mais j'étais alors incapable de les percevoir parce que ma vision des choses se perdait dans la platitude monotone d'une vie vécue au jour le jour. Le temps n'est pas extérieur à nous, il est intérieur. Seulement nous vivons avec le présent, le passé et le futur, et le présent est trop bref, de toute façon, pour être reconnu comme tel; il est conservé après coup, et alors soit il est codifié, soit il glisse dans l'amnésie. La conscience est le produit du recul  

En résumé, un livre que j'ai lu vite et avec plaisir, mais rien de comparable avec le choc qu'avait été pour moi la lecture du "Tout ce que j'aimais" du même auteur, puissant , envoûtant, effrayant. 

Mior.

2 commentaires:

  1. J'ai été tellement rebutée par "Tout ce que j'aimais" (je suis une voix discordante, je sais) que cet Eté sans les hommes est en souffrance dans la PAL...

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    1. certes, "Tout ce que j'aimais" était une lecture angoissante, déstabilisante même.
      Ce récit avait une grande force, même si c'était pour décrire beaucoup de malheur(s)
      Sûr qu'on n'est pas toujours dans l'humeur !

      Aucun risque de ce genre en tout cas avec cet opus, qui fait preuve de pas mal de finesse

      Mior

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Mior