lundi 20 janvier 2014

" Esprit d'hiver " de Laura Kasischke


Ce huis-clos glaçant se déroule un jour de Noël, dans la maison confortable d'un couple d'américains prospères, du côté du lac Erié. Eric et Holly sont les parents de Tatiana, enfant russe adoptée toute petite et maintenant ado de quinze ans.
 Holly s'apprête à cuisiner pour recevoir famille proche et amis autour du traditionnel repas de fête, pendant qu' Eric doit aller chercher certains des invités à l'aéroport. 
Mais ce matin-là, rien ne semble devoir aller comme il faut : Holly et Eric n'ont pas entendu sonner leur réveil, ils démarrent en panique cette journée supposée de fête, avec un sentiment de malaise qui ne les quittera pas. 
Une tempête de neige va encore tout compliquer, bloquant  Holly et Tatiana seules à la maison et Eric à l'extérieur ....

Ce livre a donc été lu dans la période adéquate des fêtes de fin d'année (ce qui lui donne assurément du relief!), j'ai voulu ensuite le laisser résonner avant de le chroniquer. 
Il m'arrivait précédé de bien de commentaires : en effet, lu dans le cadre du Prix ELLE, je l'ai reçu relativement tard dans la boucle et certaines des co-jurées avec qui j'ai un échange amical de blogueuses m'avaient fait part de leur enthousiasme ... ou de leur rejet total ! (peu de réactions entre-deux)

Or , pour moi, ce livre ne mérite peut-être tout à fait ni l'un ni l'autre ?

Je serais tentée de dire qu'il s'agit plus d'un thriller que d'un roman, pour commencer : le suspense est tel que l'on ne peut pas vraiment gloser sur le fond de l'affaire sans voler le "plaisir" de lecture de l'innocent qui lirait en premier quelques critiques .
 Bon , disons un roman à suspense , si vous voulez.
La forme , alors ? Bien , elle est relativement virtuose, Laura Kasischke sait y faire, c'est entendu , elle va nous mener en bâteau d'un bout à l'autre. 
Le problème , c'est quand même qu'on SAIT dès le début qu'elle nous mène en bateau !
Vu l'outrance des propos , l'étrangeté des situations , l'hystérie du tout, on sait bien que rien n'est normal et que la mort s'invitera avant la fin de ce Noël d'épouvante. 

Personnellement , je n'ai jamais réussi à éprouver d'empathie pour les deux personnages principaux. 
La faute certainement à l'américanisation totale du texte : on baigne dans une sensiblerie visqueuse, archi-sucrée voire gluante, une  sentimentalité très convenue à mes yeux autour de l'amour-forcément-immense-d'une-mère partie-adopter-son-enfant-au-fin-fond-de-la-Sibérie-mais-oui-mais-oui-parfaitement.

Alors , oui, il s'agit d'une enfant adoptée donc couvée et adorée au delà du raisonnable (devenue une ado désagréable les trois-quarts du temps, comme quoi...) et d'une mère frustrée par la maternité qu'elle a si ardemment désirée mais qui l'amène progressivement à ne plus pouvoir créer (elle écrivait de la poésie) puique dans son hystérie elle veut être une mère parfaite ou rien, quoique......là dessus, Kassischke réussit UNE notation qui me semble très importante ET très sulfureuse. Mère et fille , un ravage , pour reprendre le titre d'un livre de Marie-Magdelene Lessana ? Celles qui ont lu comprendront certainement à quoi je fais allusion.
En terme d'ambivalence , c'est fort...

L'on peut connaître ou comprendre ce genre de champ de bataille familial, pourtant cela n'a créé aucune complicité entre la lectrice que je suis et ces deux femmes (j'ai pourtant une fille ado du même âge , ah ah ! moins désagréable je précise)
Enfin , certains passages réellement gore du récit créent un malaise . Les ficelles sont grosses, ce sont des câbles par moments, et l'auteur nous bouscule et nous tire à hue et à dia. On n'est pas loin du film d'horreur, faut aimer. Alors oui, pour que ça marche , il faut lire ce livre très vite, d'une traite si possible, et un jour de mauvais temps,afin de se laisser happer par le rythme, la folie, la puissance de feu de Laura Kasischke.

C'était ma première lecture de cet auteur. Pas sur que j'aie envie d'y retourner !

MIOR

ps : je ne résiste pas au plaisir d'ajouter une photo très Bon-Dieu-sans-confession de L.Kasischke... 




6 commentaires:

  1. j'en garde un souvenir mitigé également, pas pour moi!
    bonne journée!

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    1. pas de réactions tièdes face à ce qu'écrit Kasischke , je l'ai déjà remarqué ...

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  2. Je te l'ai déjà dit sur le groupe, mais je trouve vraiment ton billet top; si j'avais été moins excédée, mon billet aurait ressemblé au tien

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  3. je trouve plutôt que Kasischke a un air vaguement diabolique sur cette photo....

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    1. ...mais tout à fait ! C'est pour cela que je l'ai choisie....

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A bientôt !
Mior