mardi 15 avril 2014

"Je suis interdite" d'Anouk Markovits



Le titre comme la couverture ne me disaient rien qui vaille … mais il fallait le lire pour ELLE .                                                                                                                     
 Je suis partie à reculons dans cette lecture , dont je suis ressortie conquise quarante-huit heures après ! C’est un très beau récit.

En 1939 en Transylvanie, entre Hongrie et Roumanie le petit garçon juif Josef, cinq ans, est sauvé par la jeune fermière Florina qui le fait passer pour son fils et le rebaptise Anghel. A son tour, Josef sauvera une fillette, Mila, dont les parents viennent de se faire massacrer sous leurs yeux.  Zalman Stern, chef religieux de la communauté  hongroise Satmar, va retrouver et adopter Mila pour l’élever comme sa propre fille du même âge, Atara. Il va également récupérer Josef qui sera envoyé étudier à New-York.                                                                                                                                                   
  Au sortir de la guerre les Stern s’installent à Paris, Rue de Sévigné . Au fur et à mesure que les adolescentes grandissent, Mila s’épanouit et vit sa foi avec bonheur alors que sa sœur adorée découvre le monde des livres, du savoir et du questionnement.
Alors que Mila va se marier dans le pur respect de la tradition (mariage arrangé mais aussi grand mariage d’amour…) Atara remet de plus en plus en question la doctrine fondamentaliste de leur milieu, jusqu'au point de non-retour.                
 Les choix radicalement différents des deux jeunes femmes les sépareront  –Atara s’étant mise au ban de la communauté- puis les amèneront  à se retrouver bien plus tard dans un contexte extrêmement dramatique, suite à l’unique transgression de Mila …

Alors oui, ce récit se déroule dans un milieu intégriste qui a tendance à nous faire horreur, tel que le décrivait par exemple le film «  Kaddosh » .                             
Oui, ces milieux oppriment (et pas seulement les femmes !…) et empêchent le libre arbitre, tout préoccupés qu’ils sont à perpétuer une tradition et seulement cela.           
La force du récit est de ne pas verser dans la caricature ou le procès, mais de donner à voir et à comprendre une histoire qui se déroule simplement dans ce milieu. Les personnages existent vraiment, ce ne sont pas des pantins manipulés, des fantoches hystériques. Ce sont des gens qui cherchent à réaliser leur destin comme nous tous, comme nous tous ils appartiennent à un milieu donné, seulement celui-ci est très spécial et très marquant, puisque sectaire au sens propre.                                                     
 La communauté Satmar est en effet une version très « hard » du hassidisme, rejetant pour des raisons théologiques le sionisme, par exemple. Cette communauté est bien née dans ce petit coin entre Roumanie et Hongrie, le principal foyer s’étant déplacé après guerre à Williamsburg, Brooklyn. Certaines particularités et querelles historiques passionnantes sont abordées via le roman, entre autre le sauvetage du grand rabbin Teitelbaum. La fin justifie-t-elle les moyens , en quelque sorte… question qui reviendra torturer Mila sur un plan tout à fait personnel

 Très vite dans ma lecture, j’ai été intriguée et je me suis vite doutée qu’Anouk Markovits avait été élevée dans une famille Satmar, comme j’ai pu le vérifier en quelques clics :

Alors qu’elle a l’élégance de ne pas s’attarder sur le destin d’Atara la rebelle (proche du sien puisqu’elle a fuit un mariage arrangé, à l’âge de dix neuf ans, et fait rupture avec son milieu familial) Anouk Markovits s’intéresse au contraire à Mila, la docile, celle qui est restée, celle qui a voulu faire son bonheur dans la stricte observance de la Loi, mais qui n’aura pas réussi...

Je vous invite à découvrir ce livre au-delà des préjugés, pour ma part ce fut une découverte et un réel plaisir de lecture.

MIOR

ps : pour ceux qui souhaiteraient approfondir , je ne saurais trop recommander la lecture de l'oeuvre de Chaïm Potok .
 "L'Elu" fut un véritable choc pour moi ...

Anouk Markovits



6 commentaires:

  1. Au contraire, j'aurais beaucoup aimé découvrir l'histoire d'Atara. Comme pour toi, ce roman fut pour moi un vrai coup de coeur.

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  2. ah , ça me fait plaisir , car j'ai l'impression que ce bouquin a du mal à trouver son public.
    Merci de ta visite !

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  3. Voilà qui est bien intéressant ! Je ne connais Chaïm Potok que de nom, aussi. Merci pour ce billet si ouvert.

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  4. je n'ai pas eu de coup de coeur, entre autres parce que je regrettais de ne pas savoir comment Atara s'en était sortie...mais j'ai eu comme toi un vrai plaisir à lire ce livre, même si je regrette une certaine froideur, une distance qui ne m'a pas permise de complètement entrer dans l'histoire (mais il est dans mon top 3)

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Mior