Quel dommage d’avoir traduit ainsi le titre original « The End of Your Life
Book Club » ! Car , voilà bien le problème (et ce titre ne fait que l’accroitre)
ce livre est furieusement (nord-)américain…Pleins de bons sentiments ,
boursouflé de guimauve ET POURTANT attachant.
Mary Anne Schwalbe,
mère de l’auteur , apprend qu’elle est malheureusement atteinte d’un cancer du
pancréas , de ceux qui ne laissent que quelques mois d’espérance de vie. Cette
femme extraordinaire (ça , on le saura …) réagit vaillamment , décide de se
soigner et de lutter afin de pouvoir encore vivre bien avec ceux qu’elles aime …et
finir quelques dossiers en cours ! En effet , Mary Anne, qui a la
chance d’appartenir à un milieu
extrêmement aisé , fait partie de ces américaines fort impliquées dans la
bienfaisance et le charity-business. Je le dis sans sarcasme car son dévouement
est indéniable et son sens critique envers son propre pays assez aiguisé (elle
va criant sur les toits que le système de santé est inique, et son fils est
réellement inquiet au moment où Barack Obama risque d’échouer à l’élection présidentielle ,
car il craint que cela affecte directement l’espérance de vie de sa mère !)
. Ainsi Mme Schwalbe a été de tous les
combats pour les réfugiés, voyageant sans relâche et cassant les pieds à tous
ceux qu’elle peut joindre pour qu’ils donnent de l’argent en preuve de leur
soutien . Son dernier combat : la construction d’une bibliothèque à Kaboul
, car la libération passe par l’instruction (of course). On peut dire que cette
femme se sent une mission car elle ne lâchera pas le morceau avant d’avoir vu
le projet sérieusement avancé . Respect.
Alors, pourquoi ce ton persifleur ? Eh bien parce que
trop c’est trop parfois , et l’impression de côtoyer une sainte, à travers le
portrait hagiographique tracé par le fils, peut par moments devenir pénible…
Mary Anne a élevé trois enfants ,
travaillé dans des écoles prestigieuses ET œuvré pour le bien. Pffff…on est partagé entre admiration et
jalousie pour tant de courage et d’énergie.
Eh bien , en plus elle va
réussir sa mort : son fils ayant décidé de l’accompagner pour les longues
séances de chimiothérapie, ils décident tous deux de transformer ce moment qui
a tout pour être glauque en séances de Club de Lecture , le plus petit du monde
, puisqu’il ne rassemble que deux lecteurs . Les pages consacrées aux livres ne
sont pas toujours strictement passionnantes…mais l’idée de CE club de lecture
,oui … et l'idée que , ô combien , on peut continuer de lire dans des moments pareils, est enthousiasmante !
Cette femme qui est capable de dire en phase quasi –terminale
« non, je ne souffre pas , je suis
seulement incommodée » (p.305) dit aussi des phrases qui réconfortent ,
du type : « même quand je suis très fatiguée , j’arrive à lire . C’est
peut-être parce que j’ai élevé trois enfants en travaillant à plein temps . Je
crois que j’ai dû m’habituer à être tout le temps fatiguée . Si j’avais
attendu d’être reposée pour lire, je ne l’aurais jamais fait » !!
Tout est à l’avenant ; Mary Anne a le don
nord-américain pour positiver en permanence , être capable de sincèrement
penser à plus malheureux qu’elle , et réconforter tout son entourage .Comme
l’a dit une de mes amies blogueuses , un mélange entre Mère Courage , Mère Teresa
et Margaret Thatcher !! en quelque sorte .
Même si je suis sûre que j'aimerais Mary Anne plutôt que Will (éditeur mais écrivain très moyen)
le monument que celui-ci élève à sa mère fait souvent mouche : comment
continuer à partager avec des gens qui savent leur mort très proche , comment
leur marquer de l’intérêt sans les déprimer encore plus, et surtout comment
trouver du sens à tout ça ? Comment leur parler de leur santé au moment qui LEUR convient ? Comment continuer tout simplement à faire des projets...pour des moments où eux ne seront plus là
Est évoqué également le rapport à la religion
dans une famille où certains ont la foi et d’autres non, l’homosexualité dans
cette même famille , la place de la femme dans le foyer et dans la société ,
les soins palliatifs , la place des livres dans notre vie...avec souvent beaucoup de délicatesse, malgré ce ton un peu confit d'amour .
Je pense qu’il vaut mieux ouvrir ce livre prévenu sur son côté
« fantaaastic ! » qui peut franchement agacer , mais je
pense également que Mary Anne Schwalbe était une belle personne et qu’elle est « very
inspiring » … Allez , voilà que je parle comme eux !
MIOR
Mary Anne Schwalbe
il est drôlement bien ton billet, parce qu'effectivement, je pense qu'elle était sûrement une femme formidable...mais comme dit Val, elle devait avoir les défauts de ses qualités, et sans doute a-t-elle davantage consacré de temps à la cause de réfugiés et à apprendre la politesse à ses enfants, qu'à s'occuper d'eux et les les câliner. Je dois dire que finalement, il y a aussi une lecture en creux dans ce doc...
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec tous tes points (dont celui qui précise que Will ne finira pas écrivain!)
C'est dommage qu'il n'ait pas réussi à nuancer le portrait , là ça serait devenu formidable !
RépondreSupprimerComme toi, je n'ai pas trouvé ce livre complètement réussi mais j'ai aimé qu'il parle de sa mère ainsi, àa m'a un peu changé de ceux qui titre à boulets rouges sur leur famille.
RépondreSupprimerTu as raison, la délicatesse de leur relation était réconfortante
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