samedi 23 mai 2015

" Nous n'irons pas voir Auschwitz " roman graphique de Jérémie Dres



Ah la belle surprise , quel étonnant roman graphique que ce premier opus de Jérémie Dres !

 Je suis tombée dessus par hasard dans le bibliobus , et j'aime bien - comme en BD je n'ai pas de références ou quasiment pas- partir à l'aventure parce qu'un titre ou une couverture m'interpellent.

 Ici ce fut clairement le cas . 

4ième de couv' :

Auschwitz, cinq années d'anéantissement pour plus de mille ans de vie et d'histoire du peuple juif en Pologne. 
Un traumatisme encore si présent qu'il ferait oublier tout le reste. C'est le reste que je suis allé chercher.

On se souvient de Daniel Mendelssohn ("Les disparus") ayant les mêmes préventions envers cette visite "incontournable" (qu'il fera quand même finalement , cédant à la demande de son frère avec qui il avait entrepris le voyage sur les traces de ses ancêtres)

Cette Bd est tout d'abord un hommage  "à Mamie Thérèse, Téma Dres, née Barab" :

...ces dernières années elle était devenue ma confidente (...) 
Ma mamie est une goutte d'eau pure échappée d'une source , disparue là-bas (...)

 A sa mort , c'est un repère central dans ma vie qui a disparu.





Première planche :


Jérémie part avec son frère , ils sont mal organisés , mal préparés, au fond ils ne savent pas très bien ce qu'ils viennent chercher . C'est justement ce côté Pieds Nickelés qui m'a séduite , il n'y aucune posture , aucune position idéologique à confirmer sur place pour les deux frères ( ce qui est envisageable en partie parce que la famille n'a pas sombré dans la Shoah, Téma la grand-mère a quitté la Pologne en 1930 par exemple)

J'ai appris énormément de choses, j'ai découvert en particulier les évènements de Mars 1968 en Pologne dont je n'avais aucune notion : 
C'était une période agitée . La Pologne a connu des mouvements de contestation étudiants. Pour les calmer , le gouvernement Gromulka a joué la carte antisémite. C'était peu après la guerre des SixJours et la défaite de l'Egypte, alliée des pays communistes, donc de la Pologne. Ils ont dit que les juifs polonais aidaient Israël. Ils étaient les ennemis de l'intérieur, la cinquième colonne. Il fallait qu'ils partent. A la place d'antisémitisme, ils ont parlé d'antisionisme, le coup classique. 
A cette époque, il y avait 40 000 juifs en Pologne, très assimilés. Ils ont été déchus de leur nationalité et 25 000 sont partis. 

Ce qui est étonnant c'est le ton , jamais misérabiliste, un peu distancié -j'ai lu ici et là de très méchantes critiques évoquant d'un manque d'émotion...je pense juste qu'ils sont passés à côté ;-)  il y a beaucoup d'humour et une forme de pudeur également.

Les deux frangins mènent l'enquête , à charge et à décharge ; il m'a semblé qu'on évitait les méchants procès et la mauvaise foi, ce qui permettait de cheminer ensemble.
 C'est un récit , un témoignage, un retour sur histoire familiale comme beaucoup d'entre nous , français depuis pas si longtemps que ça, peuvent avoir envie de le faire, tout simplement . Ici , c'est juste un peu plus compliqué...



Le trait aussi m'a beaucoup plu , la netteté du simple dessin à l'encre de Chine . 

Vous trouverez un billet très complet de Sandrine ici, et aussi celui d'Athalie, passionnant; enfin le site de l'auteur dédié au livre.

MIOR.



9 commentaires:

  1. A priori pas un sujet qui me passionne beaucoup mais j'adore les dessins ! Donc je note. Cela me fait penser à une autre BD, "La propriété" de Rutu Modan.

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    1. ah oui, beaucoup de blogueuses l'ont citée dans leurs comm, chez Sandrine par exemple.
      Ecoute , je suis partie sans aucun a priori -je n'avais jamais entendu parler ni de l'auteur ni de ce titre- et je me suis régalée (et je me suis dit que c'était bien agréable de n'avoir -pour une fois !- aucun présupposé sur une lecture ;-)
      Le dessin est plein d'humour et très simple en même temps (je ne sais pas bien m'exprimer sur la qualité graphique d'un ouvrage...) je l'ai beaucoup apprécié. Ce livre date de 2011, je crois qu'il en a fait un autre depuis.

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  2. Merci pour le lien ! j'ai bien aimé ce chemin de traverse qui évite les sentiers battus. J'ai lu "La propriété" depuis, il y a des points communs, bien sûr, mais j'ai quand même trouvé que celui-ci sonnait plus "juste" et le site de l'auteur enrichit bien la lecture.

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    1. ...oui, qui évite, me semble-t-il , la caricature et l'amalgame ? Très originale et touchante , cette BD , en tout cas

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    2. ...et ton billet était extra ;-)

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  3. Oh j'avais raté le billet d'Athalie.
    Rutu Modan, cela a l'air différent, mais j'avais bien aimé. Les disparus aussi (lu il y a oh si longtemps)

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    1. eh bien dis moi, alors je suis bien contente (il est chouette ce billet )
      Les Disparus m'avait touché profondémént

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  4. Très tentant (bon les Disparus dans le genre sont inégalables quand même, mais le format n'a tellement rien à voir que je note celui-là)
    Tu es sûre que tu es en slow blogging? parce que dis donc, tu as publié tous les jours ou quoi la semaine dernière ?!!!!!

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  5. ah ah j'étais sûre que tu allais me tacler gentiment ! N'éxagérons rien , trois jours de suite puis silence d'une semaine , cela fait partie des droits imprescriptibles du slowblogger ;-)

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Mior