dimanche 19 juillet 2015

" Le temps de ses enfants " de Charles Péguy

Il pense avec tendresse à ce temps il ne sera plus.
Parce que n'est-ce pas on ne peut pas être toujours.
On ne peut pas être et avoir été.
Et où tout marchera tout de même.
Où tout n'en marchera pas plus mal.
Au contraire.
Où tout n'en marchera que mieux.
Au contraire.
Parce que ses enfants seront là, pour un coup.

Ses enfants feront mieux que lui, bien sûr.
Et le monde marchera mieux.
Plus tard.
Il n'en est pas jaloux.
Au contraire.
Ni d'être venu au monde, lui , dans un temps ingrat.
Et d'avoir préparé sans doute à ses fils peut-être un temps moins ingrat.
Quel insensé serait jaloux de ses fils et des fils de ses fils.

Est-ce qu'il ne travaille pas uniquement pour ses enfants.

Il pense avec tendresse au temps où on ne pensera plus guère à lui qu'à cause de ses enfants.


extrait du Porche du mystère de la deuxième vertu

5 commentaires:

  1. J'aime bien Péguy ! Je trouve qu'il a souvent des phrases très poignantes, comme dans ce poème, et cette répétition de mots est presque hypnotique...

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    1. ....il n'est pas bien populaire ces temps ci pourtant ;-) me semble t il
      Je ne suis pas très poésie, et puis de temps en temps il y a un texte qui fait mouche ....

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  2. Détrompe-toi, il y a un cercle d'inconditionnels de Péguy qui parcourt toutes les franges politiques ;-) Mais c'est vrai que ses idées peuvent sembler anciennes. Je ne le connais pas beaucoup mais ses poèmes me touchent bien souvent. On dirait qu'il les a écrits avec ses tripes.

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  3. Je ne sais pas ce que je pense de ce texte, je l'ai relu 2 fois, donc une fois à voix haute, c'est une musicalité que j'ai du mal à intégrer finalement (je crois que je suis tellement hermétique à la poésie que seuls les alexandrins de Racine me touchent). Quant au propos, c'est tellement vrai cette sorte de paradoxe existentiel qui nous rappelle qu'on finira tous par disparaître et être oubliés des siens et des enfants des siens.

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    1. je suis également assez hermétique à la poésie, à mon grand regret ... Ce qui me plaît ici, c'est l'extrême simplicité du vocabulaire, et sur le fond , l'idée de la chaîne humaine des générations bien sûr

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Mior