mardi 16 octobre 2012

"Certaines n'avaient jamais vu la mer" de Julie Otsuka

chez Phébus
....pour une fois , la critique a bien fait son travail en repérant ce livre parmi les ouvrages de la rentrée.
 Il aurait été facile de passer à côté de ce texte, évoquant un épisode peu connu ici de la vie de la communauté japonaise au début du 20ième siècle : l'émigration de femmes nippones rejoignant des "époux" implantés sur la côte ouest des Etats-Unis, mariages arrangés bien sûr.
 Elles arrivent pleines d'espoirs d'une vie meilleure, lesquels seront le plus souvent cruellement déçus. La société américaine est fermée et raciste, la misère est noire pour tous ceux-là qui seront le plus souvent des ouvriers agricoles méprisés et exploités sans vergogne.
Des enfants naissent, la vie va son train, parfois les situations deviennent moins misérables ;  mais bientôt la seconde guerre mondiale éclate et tous ces citoyens de deuxième ordre deviennent indésirables et suspects, au point d'être emmenés pour être impitoyablement parqués dans des camps...  
Dans un format extrêmement resserré  -à peine 130 pages-  Julie Otsuka, américaine d'origine japonaise,  petite-fille et fille de ces immigrés-là , livre un récit d'une grande force.
Renonçant à s'arrêter au destin particulier de tel ou telle, elle brosse au contraire une fresque , sorte de litanie invocatoire, énumération qu'elle place sous l'exergue terrible d'un passage de l'Ecclésiaste:  
Certains d'entre eux laissèrent un nom qu'on cite encore avec éloge. D'autres n'ont laissé aucun souvenir et ont disparu comme s'ils n'avaient pas existé . Ils sont même comme n'ayant jamais été.  Et de même leurs enfants après eux.
Ce texte est d'une facture inhabituelle et c'est assurément un texte de qualité ; il évoque un épisode tragique et méconnu de l'histoire et a valeur de témoignage.
 On pourra, c'est selon , être touché et ému , ou rester un peu "à l'extérieur" , probablement  car cette écriture globalisante induit une forme de distanciation.
 Mais en aucun cas on ne perdra son temps...
MIOR

  Julie Otsuka

2 commentaires:

  1. Ce livre est dans ma PAL depuis le estival America à Vincennes. Ma PAL soupire et gémit... je le lirai je ne sais quand... rien que la couverture est attirante !

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    1. c'est à lire, sans aucun doute.

      Eh oui , les piles de livres à lire vacillent au pied des lits !

      Mior

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Mior