Sylvie Germain, dans
une langue magnifique , riche et fleurie sans jamais devenir pédante, nous
narre l’itinéraire de vie d’une de ses contemporaines.
Née
dans l’immédiate après-guerre, mystérieusement
abandonnée par sa mère à l’âge de onze mois, élevée par son père et sa
belle-mère au sein d’une famille extrêmement recomposée pour l’époque, Lili
n’en finit pas de questionner ses origines et les visages de l’amour.
Se
sentant facilement surnuméraire, Lili la discrète cherche sa place, au sein de
sa famille, au sein de la société, et cherche sa vérité sans relâche , avec une
belle honnêteté.
Quand le récit s’arrête, elle atteint la soixantaine et peut
finalement s’enorgueillir d’une trajectoire, qui , pour n’être pas socialement
remarquable , n’en est pas moins respectable.
Lili « sonne vrai » , elle aura su tracer sa route en dépit de lourds drames familiaux et au
prix de changements d'orientation assez courageux.
Voilà bien ce dont elle peut
être fière.
Il faut tout de suite dire que le roman est assez riche en
rebondissements, coups de théatre et secrets de familles assez terribles ...
Lili et les siens connaîtront en vérité bien des drames.
On suit peu ou prou tous les
membres de cette famille sur une cinquantaine d’années, même si Sylvie Germain privilégie Lili comme
personnage pivot .
La mort est fréquemment présente, comme une ombre dangereuse
qui se penche sur notre épaule et oblitère bien
des parcours.
Et l’amour, tantôt glorieux mais souvent tellement maladroit,
peine à transcender les épreuves,
quoiqu’en en dise …
D’une lecture très fluide, le récit de se compose d’une cinquantaine
de saynètes de quelques pages seulement, ces fameuses « petites scènes
capitales » du titre.
Comme en un croquis saisi sur le vif , l’auteur sait
y mêler les destinées racontées à grands traits et les notations intimes les
plus précises.
Sylvie Germain joue bien « sa » petite musique.
En
résulte un ton bien particulier, qui peut agacer car éminemment romanesque, ou
séduire car très subtil.
Pour ma part, j’ai eu plaisir à être transportée dans
une période à la fois « datable » (la guerre d'Algérie, Mai 68...)
mais comme en filigrane seulement, et s’attachant plutôt à l’intime voire
l’indicible de toute destinée humaine.
Un beau récit , grave et profond.
MIOR
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre visite, et de votre commentaire ;-)
A bientôt !
Mior