Editions Métailié
200 pages/18 euros
Jamais paru en poche, depuis 2004, alors qu'il est un grand succès de cet auteur.
:-(
C'est à cause de Sainte Thérèse d'Avila.
Ce titre surprenant.
Oui, c'est elle qui disait que "l'imagination est la folle du logis" .
L'imagination qui s'oppose à la raison, scrupuleuse et terre-à-terre.
L'imagination qui permet de décoller, et de transcender, transformer, sublimer ce qui fait le tissu de nos jours.
Dans la courte nuit de la vie humaine, la folle du logis allume des chandelles.
(...) Etre romancier, c'est cohabiter harmonieusement avec la cinglée du dernier étage
Lu peu après "L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir" qui m'avait enthousiasmée, ce bouquin est du même type : riche, fantasque, mené tambour battant, c'est un essai et un témoignage, une sorte de bordel très bien organisé.
Rosa Montero y convoque Conrad, Kipling, Goethe, Stevenson, Tolstoï, Verlaine, Rimbaud, dont elle scrute les existences d'hommes et d'hommes de lettres, avec ce côté "au fil de la plume" qui fait tout son charme.
Un chapitre très intéressant : pourquoi un écrivain se perd-il ? (Melville, Walser, Capote dont elle dit qu'il s'est littéralement effiloché )
L'écrivain -qui est aussi une "bête de lecture"- écrit sans cesse, au moins dans sa tête.
Le romancier écrit en quelque sorte "contre la mort", souvent aussi contre l'angoisse et la folie.
A moins qu'il ne soit femme lui-même, il est souvent flaqué d'une "épouse d'écrivain",
généralement vouée aux gémonies par les admirateurs de celui-ci ( Fanny Stevenson, Sofia Tolstoï pour ne citer qu'elles...)
"le romancier , cet être doté d'une personnalité aux coutures un peu lâches et d'une tendance à la dissociation" ...
Beaucoup d'humour dans ces pages :
la passion amoureuse et le métier littéraire ont de nombreux points communs . En fait, écrire des romans est ce que j'ai trouvé de plus ressemblant avec le fait de tomber amoureuse (ou plutôt le seul) avec un avantage non négligeable : dans l'écriture, la collaboration d'une tierce personne n'est pas nécessaire.
Mais, l'air de galéjer, Rosa Montero, au fil de ce bouquin savoureux et riche, se livre à une analyse plus fine de l'art du roman que ce billet ne le laisse peut-être entendre.
Pour illustrer son "métier", son savoir-faire, R.M va aussi nous balader, nous lecteurs naïfs -et pourtant- en nous narrant , trois fois dans le volume, la même "tranche de vie"... mais avec des différences notables.
Au premier retour de l'anecdote, on lève une oreille, momentanément déconcerté...au deuxième, on éclate de rire , elle nous a bien eus !
Ce jeu avec la narration, le mentir-vrai et le raconter-faux, ce talent de perdre le lecteur dans un récit plus vrai que nature, voilà bien une expérience jubilatoire où l'imagination est au pouvoir !
Je me suis rappelé à ce moment-là l'énorme claque que fut pour moi la lecture de "La trilogie des jumeaux " d'Agota Kristof, entièrement bâtie sur une histoire qui ne cesse de se dérober pour mieux se vérifier ensuite (à moins que ça ne soit le contraire ;-)
La réalité est toujours ainsi : paradoxale, incomplète, débraillée. C'est pourquoi le roman est le genre littéraire que je préfère, celui qui se prête le mieux au caractère décousu de la vie. La poésie aspire à la perfection, l'essai à l'exactitude, le drame à l'ordre structurel. Le roman est l'unique territoire littéraire où règnent la même imprécision, la même démesure que dans l'existence.
Un très bon moment de lecture, vraiment !
(le paradoxe du lecteur mordu: se plonger dans des livres qui parlent des livres ;
Et il y en a beaucoup ;-)
MIOR.
Lisez l'excellentissime billet de Miss Léo , plus complet probablement que le mien
200 pages/18 euros
Jamais paru en poche, depuis 2004, alors qu'il est un grand succès de cet auteur.
:-(
C'est à cause de Sainte Thérèse d'Avila.
Ce titre surprenant.
Oui, c'est elle qui disait que "l'imagination est la folle du logis" .
L'imagination qui s'oppose à la raison, scrupuleuse et terre-à-terre.
L'imagination qui permet de décoller, et de transcender, transformer, sublimer ce qui fait le tissu de nos jours.
Dans la courte nuit de la vie humaine, la folle du logis allume des chandelles.
(...) Etre romancier, c'est cohabiter harmonieusement avec la cinglée du dernier étage
Lu peu après "L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir" qui m'avait enthousiasmée, ce bouquin est du même type : riche, fantasque, mené tambour battant, c'est un essai et un témoignage, une sorte de bordel très bien organisé.
Rosa Montero y convoque Conrad, Kipling, Goethe, Stevenson, Tolstoï, Verlaine, Rimbaud, dont elle scrute les existences d'hommes et d'hommes de lettres, avec ce côté "au fil de la plume" qui fait tout son charme.
Un chapitre très intéressant : pourquoi un écrivain se perd-il ? (Melville, Walser, Capote dont elle dit qu'il s'est littéralement effiloché )
L'écrivain -qui est aussi une "bête de lecture"- écrit sans cesse, au moins dans sa tête.
Le romancier écrit en quelque sorte "contre la mort", souvent aussi contre l'angoisse et la folie.
A moins qu'il ne soit femme lui-même, il est souvent flaqué d'une "épouse d'écrivain",
généralement vouée aux gémonies par les admirateurs de celui-ci ( Fanny Stevenson, Sofia Tolstoï pour ne citer qu'elles...)
"le romancier , cet être doté d'une personnalité aux coutures un peu lâches et d'une tendance à la dissociation" ...
Beaucoup d'humour dans ces pages :
la passion amoureuse et le métier littéraire ont de nombreux points communs . En fait, écrire des romans est ce que j'ai trouvé de plus ressemblant avec le fait de tomber amoureuse (ou plutôt le seul) avec un avantage non négligeable : dans l'écriture, la collaboration d'une tierce personne n'est pas nécessaire.
Mais, l'air de galéjer, Rosa Montero, au fil de ce bouquin savoureux et riche, se livre à une analyse plus fine de l'art du roman que ce billet ne le laisse peut-être entendre.
Pour illustrer son "métier", son savoir-faire, R.M va aussi nous balader, nous lecteurs naïfs -et pourtant- en nous narrant , trois fois dans le volume, la même "tranche de vie"... mais avec des différences notables.
Au premier retour de l'anecdote, on lève une oreille, momentanément déconcerté...au deuxième, on éclate de rire , elle nous a bien eus !
Ce jeu avec la narration, le mentir-vrai et le raconter-faux, ce talent de perdre le lecteur dans un récit plus vrai que nature, voilà bien une expérience jubilatoire où l'imagination est au pouvoir !
Je me suis rappelé à ce moment-là l'énorme claque que fut pour moi la lecture de "La trilogie des jumeaux " d'Agota Kristof, entièrement bâtie sur une histoire qui ne cesse de se dérober pour mieux se vérifier ensuite (à moins que ça ne soit le contraire ;-)
La réalité est toujours ainsi : paradoxale, incomplète, débraillée. C'est pourquoi le roman est le genre littéraire que je préfère, celui qui se prête le mieux au caractère décousu de la vie. La poésie aspire à la perfection, l'essai à l'exactitude, le drame à l'ordre structurel. Le roman est l'unique territoire littéraire où règnent la même imprécision, la même démesure que dans l'existence.
Un très bon moment de lecture, vraiment !
(le paradoxe du lecteur mordu: se plonger dans des livres qui parlent des livres ;
Et il y en a beaucoup ;-)
MIOR.
Lisez l'excellentissime billet de Miss Léo , plus complet probablement que le mien
Oui, vraiment, il n'est pas en poche, c'est scandaleux!!! C'est mon préféré de l'auteur. (tu as raison pour l'histoire qui revient, quelle merveille d'être roulés comme ça!)
RépondreSupprimerC'est toujours un régal de constater les super-pouvoirs des écrivains ;-)
SupprimerEh ben dis donc quel billet !!!! Bon je n'ai pas compris le fil rouge de l'histoire (mais y-en-a-t-il un?) mais j'ai bien intégré le thème, et évidemment on craque toujours sur les livres qui parlent de livres ;-)
RépondreSupprimerJe le note évidemment, tu sais donner en vie (et j'adore me faire balader par un auteur)
des bises et bonnes vacances Mior
merci Galéa , j'y suis et c'est beau et bien cool
Supprimerpause internet dans un rade pas loin de la plage ;-)
Il faut aimer la pétulance de Rosa Montero pour goûter ses livres ; certains restent un peu froid (tu as vu Valérie) , je pense que c'est un peu tout ou rien quant à cet auteur. Tu me diras, si tu y vas :-)
Voici deux blogs qui aujourd'hui me présentent cette auteur, que je ne connais pas (encore)... Je suis bien tentée!
RépondreSupprimerSon dernier opus est excellent ( " l'idée ridicule de ne plus jamais te revoir" en partie sur Marie Curie) tout comme cet autre récit-essai ; je ne connais pas (encore) ses oeuvres de fiction. C'est une plume extrêmement vive et vivante en tout cas ;-)
SupprimerIl est sûr que je lirai ce livre ! J'ai tellement aimé L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir" et Keisha parle tellement de celui-ci, comment passer à côté ?
RépondreSupprimer...et c'est un livre sur les livres , ce dont les grands lecteurs raffolent ;-)
Supprimerc'est une lecture future pour moi (prévue dans le cadre du challenge espagnol de Sharon). J'ai hâte.
RépondreSupprimerencore un challenge ?!? comment dit-on "oh my God" en espagnol ?
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