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mardi 6 décembre 2016
" Désorientale " de Négar Djavadi
Comme le faisait fort justement remarquer Sandrine de "Tête de lecture" il y a quelques jours, il n'est pas toujours si facile de ne pas lire "main stream". Même dans la famille des blogueurs (et sans rentrer une énième fois dans la fatigante querelle autour de l'influence réelle ou supposée des SP) on se trouve capté, rapté, par le marketing, qu'il soit purement commercial ou d'influence, qui poursuit également les libraires, même bons, dans la confection de leurs tables , appétissantes, certes, mais souvent assez similaires au fond...
Comme disait Marielle avec son timbre savoureux, il en est des auteurs comme des acteurs et gens de théâtre, il y a ceux "qui ont la carte".
Et les autres, cqfd.
Il en est même ainsi maintenant, me semble t-il, avec les auteurs de premier roman.
Il y a les effets "traînée de poudre", typiquement ici Gaël Faye, un prix qui tombe un peu dans le désert et puis un embrasement, un bouche à oreille extra-ordinaire de lecteurs qui pousse le bouquin très en avant (au point que ceux qui le découvriront maintenant risquent de faire la fine bouche, paradoxe du succès)
Et puis il y a le main-stream journalistique (presse écrite et télévisuelle bien entendu) .
Qui s'emballe et propulse des ouvrages sur le devant de la scène sur des critères obscurs.
Je pense de plus en plus que les critiques professionnels ne lisent pas les bouquins, pas vraiment , pas en entier, et comment le pourraient-ils avec l'avalanche de livres de cette bloody "rentrée" littéraire qui leur tombe sur le coin du bec, même s'ils partent avec un bon mois d'avance sur le vulgaire pékin...
Alors ils s'agrégent autour de quelques titres, une petite douzaine guère plus.
Ils se confortent, ils se répètent, ils s'entretiennent dans un enthousiasme collectif bien redondant sur ce qu'il "faudrait" lire.
Ils choisissent ceux qui auront la carte cette saison, en somme.
Depuis que je connais les blogueurs -en choisissant bien ceux avec qui on se sent bouquino-compatible à, mettons, 80%- je m'irrite souvent des pages littéraires de la presse. Je ne les lis d'ailleurs presque plus, d'ailleurs, mais comment éviter les bandeaux, les encarts publicitaires à foison, les éternels dithyrambes du beau gosse de la 5...
Gardons nous d'une certaine mollitude, d'un "suivisme" cossard, nous blogueurs. Laissons nous toujours le choix de dire que nous n'avons pas aimé ce que (presque) tout le monde a encensé.
Cette automne, manifestement Négar Djavadi avait la carte.
L'Iran est à la mode. A juste titre car il semble foisonnant de talents, et puis la Perse avec son histoire aussi riche que compliquée nous fascine, et puis on ose se lancer pour en penser quelque chose, il y a un minimum de recul, alors que le reste du Moyen-Orient, n'est ce pas... c'est peu de le dire mais on patauge carrément. Mais je m'égare.
Si je m'en étais tenue à mes critères habituels, m'autoriser à lâcher un livre au bout de 80 pages quand ça ne veut pas le faire, je n'aurais pas fini "Désorientale".
Je me suis en effet beaucoup ennuyée pendant les cent premières pages , d'un Iran médiéval d'opérette, avec un arrière-grand-père à harem, tout un folklore de bazar.
Mais il était programmé pour la prochaine soirée de mon club de lecture (dix dames dont une iranienne:-)) toutes lectrices fines et aguerries )
Obligée j'étais.
Alors je poursuis, j'essaye d'entrer dans cette famille d'intellectuels iraniens, de me pencher sur l'enfance de cette petite Kimia qui semble représenter l'auteur. Las , personne ne me convaint, ni les nombreux oncles qu'on affuble d'un numéro et qui sont de grossiers archétypes, ni le père opposant politique irréprochable et beau ténébreux, ni la mère courage.
Le montage inutilement compliqué avec d'innombrables flash-backs ou forward n'arrange rien.
La peste soit de l'influence exagérée du cinéma sur l'art littéraire contemporain, soit dit en passant.
Et puis cette façon d'évoquer régulièrement tel un teaser poussif L'EVENEMENT , oui oui en majuscules comme ça, on dirait du Joël Dicker, mais quelle vulgarité ! puisqu'il s'agit de l'assassinat de ce père adoré et porté au pinacle autant que craint.
Bref, force m'a été de constater qu'il m'était impossible d'avoir de la sympathie , au fond, pour cette narratrice et sa famille que j'ai ressentie extrêmement imbue d'elle-même. Trop de mélo, trop d'héroïsme recomposé et exagéré dans ce premier roman qui tombe également dans le piège coutumier de vouloir tout mettre , vouloir tout dire de ce qu'on comprend de la vie.
Seules les cent dernières pages sonnent juste, sur l'exil. On sent là quelque chose de personnel et de bien restitué. De touchant. Ouf.
MIOR.
Pour rétablir un certain équilibre , l'article d'Emmanuel ;-)
lundi 19 septembre 2016
"Un bon écrivain est un écrivain mort" de Guillaume Chérel
Coup de griffe !!!
A l'éternelle question "faut-il parler des livres que l'on n'a pas aimés ou garder un silence discret", la réponse s'impose dans certains cas ...
Les éditions Mirobole ont des couvertures épatantes, qui tapent dans l'oeil.
Aussi n'ai je pas résisté, de passage chez ma libraire préférée, à celle-ci :

Car je pensais me poiler avec une bonne satire du monde littéraire parisien, et plus particulièrement des vedettes de la rentrée, comme me l'annonçait la 4ième de couv' :
Augustin Traquenard doit animer un débat littéraire dans un ancien monastère des Alpes maritimes.
Rien que du lourd, jugez-en plutôt, Frédéric Belvédère, Amélie Latombe , Delphine Végane, David Mikonos ou aussi Kathy Podcol ...
Dix écrivains très médiatiques invités par un mystérieux propriétaire qui signe "Un Cognito".
OK. Vous avez ri ? Moi aussi . Mais pour la dernière fois .
A la lecture cette reprise des "Dix petits nègres" s'avère abominablement poussive, étirée sur 240 pages alors qu'il y avait juste matière à une nouvelle prestement ficelée. C'est lourd, mais lourd...
J'ai insisté, pourtant, réussi à m'arracher un ou deux sourires crispés de ci de là, puis j'ai titubé jusqu'à la fin en me demandant ce que j'étais allée faire dans cette galère.
Un extrait ? Allez...
Ouzbek fut chaleureusement accueilli. Il se sentit tout de suite bien parmi les vieillards. Au point d'avoir un flash. la scène lui fit penser à Vol au dessous d'un nid de coucou. Ouzbek eut l'idée de son prochain livre : une partouze dans une maison de retraite. Il l'adapterait lui-même au cinéma.
La sexualité chez les seniors était le sujet tabou par excellence. C'était bon pour lui, ce serait sans doute le premier bouquin exclusivement gérontophile. Il avait déjà le titre : Extension du dolmen de la pute.
Voili voilou... Et je découvre à l'instant que le titre lui-même est de seconde main. Limite pathétique.
LE livre dispensable de cette rentrée ;-)
Vous avez économisé vingt balles
MIOR
A l'éternelle question "faut-il parler des livres que l'on n'a pas aimés ou garder un silence discret", la réponse s'impose dans certains cas ...
Les éditions Mirobole ont des couvertures épatantes, qui tapent dans l'oeil.
Aussi n'ai je pas résisté, de passage chez ma libraire préférée, à celle-ci :

Car je pensais me poiler avec une bonne satire du monde littéraire parisien, et plus particulièrement des vedettes de la rentrée, comme me l'annonçait la 4ième de couv' :
Augustin Traquenard doit animer un débat littéraire dans un ancien monastère des Alpes maritimes.
Rien que du lourd, jugez-en plutôt, Frédéric Belvédère, Amélie Latombe , Delphine Végane, David Mikonos ou aussi Kathy Podcol ...
Dix écrivains très médiatiques invités par un mystérieux propriétaire qui signe "Un Cognito".
OK. Vous avez ri ? Moi aussi . Mais pour la dernière fois .
A la lecture cette reprise des "Dix petits nègres" s'avère abominablement poussive, étirée sur 240 pages alors qu'il y avait juste matière à une nouvelle prestement ficelée. C'est lourd, mais lourd...
J'ai insisté, pourtant, réussi à m'arracher un ou deux sourires crispés de ci de là, puis j'ai titubé jusqu'à la fin en me demandant ce que j'étais allée faire dans cette galère.
Un extrait ? Allez...
Ouzbek fut chaleureusement accueilli. Il se sentit tout de suite bien parmi les vieillards. Au point d'avoir un flash. la scène lui fit penser à Vol au dessous d'un nid de coucou. Ouzbek eut l'idée de son prochain livre : une partouze dans une maison de retraite. Il l'adapterait lui-même au cinéma.
La sexualité chez les seniors était le sujet tabou par excellence. C'était bon pour lui, ce serait sans doute le premier bouquin exclusivement gérontophile. Il avait déjà le titre : Extension du dolmen de la pute.
Voili voilou... Et je découvre à l'instant que le titre lui-même est de seconde main. Limite pathétique.
LE livre dispensable de cette rentrée ;-)
Vous avez économisé vingt balles
MIOR
dimanche 28 février 2016
" L'amour et les forêts " d'Eric Reinhardt
C'est l'histoire d'une rencontre catastrophiquement ratée ...non, pas celle de l'héroïne avec son mari persécuteur -quoique- mais la mienne avec cet auteur, que Papillon entr'autres me recommandait avec feu depuis longtemps ...
Mon amie libraire en ayant remis une couche, j'ai acheté la version poche sortie récemment (Folio, 400 pages)
En une quarantaine de pages initiales, le narrateur -un écrivain dont le prénom est Eric- raconte ses deux entrevues avec une lectrice/admiratrice qui lui a adressé une belle lettre sensible à laquelle il a eu -pour une fois- envie de donner suite. Un café du Palais-Royal abrite ces deux longs rendez-vous, au cours desquels la conversation navigue entre goûts littéraires et considérations sur la "vraie" vie. Le romancier Eric n'est pas insensible au charme mélancolique de la jeune femme, professeur de lettres dans un lycée de province. Il devine des failles, un mal-être récurent, un colossal manque de confiance en soi. La suite de leurs échanges, par mail, lui confirmera que c'est de gouffres qu'il s'agit, d'un mariage tragiquement malsain qui la mine totalement.
Il entreprend alors de nous narrer la triste vie de Bénédicte Ombredanne.
Nous sommes donc dans la veine, que dis-je, le filon du "d'après une histoire vraie". D'accord. Quand c'est Emmanuel Carrère qui s'y colle je ne fais pas ma mijaurée.
Mais alors pourquoi tant d'afféteries dans la façon de narrer, et surtout de situations improbables ?
Bénédicte-Ombredanne -car elle sera toujours nommée ainsi, prénom et nom accolés, histoire de faire très très littéraire pour le coup- est tyrannisée par un mari odieux, et ce depuis des années : las, quand celui-ci entend un soir "Le Téléphone Sonne" -pour un effet de réel, là, j'imagine- il s'écroule et se liquéfie toute la nuit car il s'est soudain reconnu dans les affreux pervers manipulateurs décrit par les femmes tremblantes et traumatisées qui se succèdent au micro. (Scène initiale du chapitre 2)
Super-vraisemblable n'est ce pas ? Ainsi que, dans la foulée, le fait que sa femme passe sa nuit à le moucher -pas au sens figuré, mais bien littéral...
Plus tard, car elle est quand même dégoûtée de la vie d'enfer qu'il lui fait, elle se défoule -pour la première et dernière fois de sa vie- sur Meetic ; Reinhardt se défoule lui aussi et c'est tristement drôle et puis drôlement triste aussi, mes compliments à Gentleman et Napoléon, ils sont bien gras comme il faut , j'en ai eu des hauts le coeur. Et là, Le Miracle : elle rencontre l'homme idéal, spirituel, pas avide, détaché juste ce qu'il faut, LIBRE, genre au bout d'une heure (je rappelle que les miracles sont des occurrences extrêmement rares tout de même)
Ni une ni deux, elle, (Bénédicte-Ombredanne, oui, je sais) qui n'ose jamais ouvrir la bouche ni lever le petit doigt concocte un rendez-vous pour le Jeudi suivant, ben oui, quand on croise un miracle il faut savoir dire Allelujah, Rejoice et battre le fer tant qu'il est chaud (excusez-moi, c'est Napoléon qui déteint).
Miracle tient ses promesses, il est beau comme un Dieu, un amant du tonnerre (what else) et il vit dans un cadre de rêve entouré d'objets d'art au milieu des bois (c'est sûr que dans le F3 d'une ZUP ça le ferait moins, on est d'accord)
B-O, telle une Princesse de Clèves moderne, décide et proclame qu'elle ne reverra pas Miracle après cette après-midi féerique où elle sait pourtant, de toutes les fibres de son être, qu'elle a trouvé l'amour...
Soyons clairs, à partir de là, pour moi c'était fini, Reinhardt m'avait perdue (à moins que ce ne fut le contraire)
Pourquoi le "d'après une histoire vraie" estampillé dans les premières pages, si c'était pour nous compter de telles fables ensuite, totalement "romanesques" voire rocambolesques pour le coup ? Pourquoi ne pas partir alors dans une fiction assumée laissant toute latitude au romancier ? (on aurait pu se demander si Miracle existait bien, par exemple, ça n'aurait pas été inintéressant...)
J'ai continué ma lecture, bien entendu, parce que les enfers conjugaux ont toujours quelque chose de terriblement fascinant, tant on sait, si l'on veut être tout à fait honnête, à quel point leurs cercles vicieux se fabriquent souvent à deux. Façon Sofia et Leon Tolstoï ; ou bien, sordidement, comme dans les faits divers.
Et puis certaines pages sont futées, d'autres belles, parfois les deux :
Les ambitions qu'elle attachait au devenir de son couple avaient toujours été tellement élevées qu'elle n'avait jamais pu se résoudre à ne pas afficher, au regard de l'extérieur, même quand les choses avaient commencé à ne plus très bien marcher, les apparences d'une réussite incontestable, par orgueil certainement, ou par manque de courage, mais aussi parce qu'elle n'avait jamais désespéré qu'un beau jour la situation finisse par s'arranger, par pur idéalisme adolescent. En simulant que tout allait bien, mieux encore : en propageant l'exemple d'une plénitude conjugale à ce point rayonnante qu'elle humiliait, rendait envieux et rancuniers tous ceux qui en étaient les spectateurs, Bénédicte Ombredanne se vengeait sans doute sauvagement, aussi, il arrivait qu'elle se l'avoue, de ses espoirs trahis -elle éprouvait une sorte de joie malsaine à attiser chez les autres ce dont elle-même agonisait en secret.
Les profs, leur objectif, c'est de nous rendre conformes à la norme, mais moi je veux garder ma personnalité et mes défauts, qu'on n'y touche pas, qu'on essaie pas de me banaliser, ou de me faire rentrer dans un moule -tout ce qui fait mon charme c'est ce que le collège veut corriger, disait Lola quand elle était en verve. Chaque fois que Bénédicte Ombredanne entendait ce discours-là, elle bondissait. Ce sont des clichés, Lola, lui disait-elle, mais le problème c'est qu'à douze ans on ne sait pas que ce sont des clichés, on peut les prendre pour une substance vivante qui n'appartient qu'à soi, parce qu'on sent dans son être quelque de brûlant et d'intense, d'urgent, d'intime, qui peut sembler la manifestation de sa personnalité authentique. Mais ça n'est pas brûlant parce que c'est authentique, c'est brûlant parce que c'est nouveau, c'est urgent parce que c'est soi en train de naître et ça s'appelle l'extrême jeunesse : c'est un moment magnifique, je t'envie d'être en train de le vivre, lui disait Bénédicte Ombredanne , mais les splendeurs de cette jeunesse extrême ne sont pas une fin en soi, tu dois les vivre comme la promesse d'autres états qui viendront par la suite, mille fois plus savoureux, à condition que tu saches qui tu es, afin qu'ils puissent se déployer.
Le sordide va revenir en force, dans les cent dernières pages, nous laissant pantelants, quoique prêts à arracher les yeux à ce mari monstrueux (c'est pas un peu trop, des fois ?...)
Cuné parle d' "une immense tristesse poisseuse dont on craindrait la contagion";
Eva aime malgré "des scènes qui ne semblent pas plausibles et cohérentes" ; elle soulève la question d'une lectrice/admiratrice d'E. Reinhardt qui se considère vampirisée par l'auteur et va certainement lui coller un procès (long article de l'Express) ; problématique récurrente ces derniers temps...
Tout le monde ou presque semble avoir adoré (bel article de Fabienne Pascaud dans Télérama ) aussi, dix-huit mois après la sortie, osé-je cette critique enflammée. Le livre a fait son chemin et séduit beaucoup de lecteurs (ou faut-il dire de lectrices ) je ne lui ferai aucun tort...
MIOR.
ps: Papillon, promis, je lui laisserai une seconde chance ;-)
dimanche 12 juillet 2015
" Dark Island " de Vita Sackville-West
Arghl, c'est un triste moment celui de venir faire un billet sur une grosse déception...
J'avais découvert Vita Sackville-West au printemps avec Toute passion abolie , petit merveille de délicatesse ET d'humour anglais persifleur. Un régal .
Je me réjouissais donc de me plonger dans cet opus traînant depuis trop longtemps sur mon étagère, remis en avant par les réjouissances anglaises de Juin et plus encore.
J'avais découvert Vita Sackville-West au printemps avec Toute passion abolie , petit merveille de délicatesse ET d'humour anglais persifleur. Un régal .
Je me réjouissais donc de me plonger dans cet opus traînant depuis trop longtemps sur mon étagère, remis en avant par les réjouissances anglaises de Juin et plus encore.
Las... quelle ne fut pas ma déception ( à la hauteur de mes Great Expectations , of course...)
"Lorsque Venn propose à Shirin de l'épouser, il ne l'a vue qu'une fois, une décennie plus tôt. Elle avait seize ans. C'était à Port-Breton, où Shirin allait en vacances.
De la côte, elle pouvait contempler la petite île de Storn, qui la fascinait - elle lui vouait même un culte secret.
Mais jamais elle n'avait imaginé s'y rendre, jusqu'à sa rencontre avec l'héritier de Storn : Venn Le Breton, qui l'emmena découvrir l'île.
Dix ans plus tard, Venn ignore que c'est de Storn dont Shirin est tombée amoureuse.
Devenu son mari, il fera tout pour la plier à sa domination perverse et repousser Cristina, l'amie intime de Shirin venue partager leur huis clos au château de Storn..."
De la côte, elle pouvait contempler la petite île de Storn, qui la fascinait - elle lui vouait même un culte secret.
Mais jamais elle n'avait imaginé s'y rendre, jusqu'à sa rencontre avec l'héritier de Storn : Venn Le Breton, qui l'emmena découvrir l'île.
Dix ans plus tard, Venn ignore que c'est de Storn dont Shirin est tombée amoureuse.
Devenu son mari, il fera tout pour la plier à sa domination perverse et repousser Cristina, l'amie intime de Shirin venue partager leur huis clos au château de Storn..."
Sur le papier c'est alléchant, n'est ce pas ?
Il y a tout pour construire un récit follement romantique et complexe.
Il y a tout pour construire un récit follement romantique et complexe.
Et puis le découpage en quatre parties : 16 ans , 26 ans, 36 ans et 46 ans me plaisait beaucoup.
Prendre une femme à quatre âges de sa vie, voilà un projet littéraire excitant, à mes yeux.
Prendre une femme à quatre âges de sa vie, voilà un projet littéraire excitant, à mes yeux.
Hélas, rien ne fonctionne : les situations sont abondamment commentées sans qu'il y ait d'action nous les présentant, les dialogues sont creux et épouvantablement répétitifs, les personnages caricaturaux et leur portrait psychologique sommaire, aucun n'est attachant, tout sonne faux et on s'ennuie à cent sous de l'heure.
Shirin est belle et froide comme la glace, Cristina fidèle jusqu'à la dévotion sans jamais au fond avoir de vrai dialogue avec cette amie qui la subjugue, point, il faudra se contenter de ça.
Venn est dit cruel et pervers ( un peu à la manière d'un Heathcliff si cela fonctionnait) mais certaines situations censées le démontrer sont à la limite du ridicule.
On a en prime une aïeule pour pourrir définitivement l'ambiance . Superfétatoire.
Le cadre est supposé grandiose (mais jamais décrit !) et follement aimé des deux époux, pour ma part je n'ai jamais réussi à dépasser cette image :
Pas de pages cornées , pas la moindre petite citation à vous proposer...
J'ai cru devenir folle car je suis en parallèle plongée dans la correspondance Vita S.W/Virginia Woolf qui est merveilleuse !! (billet à venir)
Vita y est excellente, spirituelle, drôle, d'une plume acérée et pleine de charme...
Evidemment, ma lecture de "Dark Island" souffre de venir tout de suite derrière celle de "la Promenade au Phare"...
C'est un peu comme si VSW s'était essayée au même exercice ...et complètement plantée
Alors je n'écrirai pas comme Virginia dans son Journal (12 Août 1934) : "Dark Island est très bon " ; non, franchement c'est même très mauvais je crois.
Papillon , quoique plus pondérée , n'est pas loin d'en dire autant ; George aime ...un peu ; et Martine ...beaucoup !
Papillon , quoique plus pondérée , n'est pas loin d'en dire autant ; George aime ...un peu ; et Martine ...beaucoup !
Mais j'aime toujours Vita et retournerai la lire !
mercredi 15 avril 2015
"Prends garde" de Milena Agus et Luciana Castellina
Ce bouquin promettait d'être passionnant : partagé en deux parties , l'une confiée à la romancière Milena Agus, l'autre à la journaliste Luciana Castellina , pour décrire le même fait divers sanglant, épisode de l'après-guerre dans les Pouilles, selon deux angles bien différents.
C'est l'éditrice des deux femmes chez Liana Lévi qui leur a proposé ce drôle de projet, ce livre tête-bêche.
Je ne m'y suis pas retrouvée , ni d'un côté ni de l'autre.
Tout est dit dès la jaquette des évènements tragiques de cette journée-là :
le lynchage de deux riches propriétaires terriennes par des ouvriers agricoles excédés par la faim, dans ce grand foutoir qu'est la fin d'une guerre.
Aussi les soixante-dix pages de la partie historique ne m'ont pas captivée.
Las, en retournant le volume, rien de mieux.
Je venais juste de finir la Comtesse de Ricotta, il y a peu. J'ai retrouvé ce même univers que Milena Agus aime nous conter : un monde de femmes, presque exclusivement (les hommes sont plus fantasmés que réels) un goût pour les décalages ou plutôt les décalés, ceux qui ne savent pas analyser le monde dans lequel ils évoluent, et en souffrent.
Cela devrait me plaire, pourtant, c'est sensible , délicat, assez poétique souvent, mais ...
Il y a une certaine joliesse dans l'écriture de Milena Agus qui ne me parle pas.
J'ai l'impression de rêvasser, à mi-chemin entre un vrai monde fantasmatique et personnel, et une réalité somme toute assez maigre.
Alors voilà , je vais l'avouer franchement, je n'ai fini l'ouvrage qu'en diagonale.
Je n'entends en dégoûter personne, une lecture c'est une rencontre, qui a lieu ...ou pas.
MIOR.
L'avis de Kathel et Maryline, plus positif que le mien
ps: quelle vilaine jacquette, non ?
vendredi 2 janvier 2015
"Sous les couvertures" de Bertrand Guillot
Dernier livre lu de l'année,
dans le cadre des Matchs Price Minister 2014
Les plaisirs de lecture tiennent parfois à peu de chose.
Ce livre a dû paraître délicieux à ceux qui l'ont découvert par hasard, sans trop rien en savoir, les premiers lecteurs en somme.
Plusieurs mois plus tard, après qu'il eut été encensé un peu partout, force est de constater qu'il tient mal ses promesses, à mes yeux en tout cas.
L'humour est chose difficile en littérature, certes, l'opus restera une agréable pochade mais pas plus je le crains.
Une librairie de province. Un vieux libraire fatigué et peu inventif.
Des livres qui, dès la porte fermée pour le week-end, prennent vie, s'animent et se révoltent contre la promesse de la mise au pilon de certains d'entre eux (une grande partie même si on en croit l'auteur) dès la réouverture du Lundi .
Il faut s'unir pour évincer les best-sellers, et gagner la table centrale, celle où sont mis en valeur les "meilleurs" ouvrages, celle où on sera en sécurité.
La bataille peut commencer...
Que font les livres quand on les referme ? C'est certes une question que tous ceux qui les aiment se sont posée au moins une fois, rêvassant dans un bouquinomorphisme amusant.
En tirer 170 pages est une autre affaire.
J'avoue ne pas avoir été convaincue, avoir souri parfois, mais pas plus.
La plume n'est pas mauvaise, les pages consacrées au libraire et son apprentie pas encore blasée ont un certain charme , c'est quand on se retrouve au milieu des livres animés que cela se gâte.
L'auteur leur a pourtant trouvé des noms amusants, Grand, Douleur-d-écrire, Vieille Gloire, Chouchou, Conteur, Spartacus, Rouge, l'Académicien (qui se livrera à un exercice d'autosatisfaction assez drôle mais je ne vous en dis pas plus...) mais pour moi la fable n'a pas fonctionné (je sais, je n'ai pas gardé mon âme d'enfant)
Alors bien sûr des notations amusantes sur le monde du livre tel qu'il est ou plutôt tel qu'il se transforme : le fils du libraire himself travaille pour Amatruc , on voit l'apparition d'une liseuse conspuée et ridiculisée par les Livres, un tacle pour les blogueurs arrosés de SP , un autre pour une ministre de la Culture (plusieurs mois avant l'Incident!)...
mais enfin c'est léger, légérissime même, tout ça...
A lire si vous sortez de gros opus qui vous ont un peu fatigué ?
MIOR.
Il avait épousé une architecte qui lui avait donné trois beaux enfants, qu'ils élevaient dans l'amour et le numérique.
...
Comment peut-on aimer lire et devenir critique littéraire ? se demandait-elle en montant l'escalier. Chaque jour de nouveaux romans, et chaque semaine des chroniques à rendre, le blog à tenir, une pige sur la radio locale... Comment faisait-elle quand venait un pavé de cinq cent pages alors que trente ou cent autres attendaient déjà en piles branlantes dans sa chambre ? Ne lisait-elle que les romans des auteurs qu'elle connaissait déjà ? Ou ceux des grandes maisons ? Ne lisait-elle que quelques pages ?
... Et elle n'avait sans doute plus acheté de roman depuis des mois. Que pouvait bien devenir l'industrie du livre si les plus grands lecteurs ne concevaient plus les livres que gratuits ?
...Aurélien ne pouvait pas dire à son père que des géants américains spécialisés dans les tablettes et le commerce en ligne venaient de lui offrir un pont d'or pour défendre leurs intérêts dans les tours opaques de Bruxelles. Il s'agissait pour eux de faire sauter les digues qui protégeaient encore les vieilles librairies, comme cette loi française sur le prix unique du livre, et de peser sur de futures réglementations qui conforteraient leurs marges digitales. Pour le seconder dans cette mission, il avait débauché au ministère de la Culture une jeune femme fraîchement issue de la même école que lui. Les Américains avaient insisté pour ne pas recruter une grande lectrice. Elle serait plus efficace, disaient-ils .
lundi 29 décembre 2014
"Whiplash" film de Damien Chazelle
Si vous avez aimé Black Swan , courez voir Whiplash.
Si a contrario vous avez trouvé que le premier nommé était une grosse meringue indigeste, boursouflée et surtout terriblement manichéenne , vous pouvez passer votre chemin (et aller au cinéma, pourquoi pas)
Whiplash était le LE film que je voulais voir en cette fin d'année ;
la déception a été proportionnelle a cette appétence.
Grande.
Andrew , 19 ans, a intégré la meilleure école de jazz de Manhattan.
Il a donc déjà un sérieux niveau. Il est batteur.
Il vit , il pense, il dort batterie. Normal .
Sa trajectoire va entrer en collision avec LE prof sadique de l'école, qui, maniant l'injure , les baffes et l'humiliation systématique comme seule forme de pédagogie, va l'amener à cracher ce qu'il a dans les tripes (sic)
Bien sûr , quand il s'agit d'un domaine que vous connaissez bien , vous devenez plus exigeant.
Vous aussi avez certainement été exaspérés quand votre corps de métier est évoqué dans un film avec de grosses approximations , des demi-vérités voire des contre-sens accablants .
Il semblerait que Damien Chazelle se soit frotté à la musique et y ait fait de mauvaises rencontres et de mauvaises expériences.
J'entends bien . Cela m'intéresse beaucoup, même.
Il dit qu'il a voulu restituer ceci comme dans un film de guerre.
C'est effectivement une transposition de Full Metal Jacket dans une école de musique.
Traitement à la limite du grand guignolesque parfois.
Je pense aux solos de batterie où le jeune héros, tel un lapin Duracell, frappe et frappe, de plus en plus fort, de plus en plus vite, avec une expression de désespoir... presque obscènes , ces scènes... laides, ennuyeuses quand elles se multiplient au long des 1h45 de film.
Oui, devenir un bon musicien , voire un Grand ( mais ça , ça n'est pas de l'ordre de la décision, on ne le répètera jamais assez...) réclame beaucoup d'efforts, de travail, d'obstination, voire de sacrifices.
Mais, NON, il ne suffit pas de vivre dans une atmosphère mortifère et de se mettre les mains en sang, ça c'est vraiment du cinéma, et du mauvais .
(oui , c'est une métaphore , j'avais compris , mais je trouve cela tellement outré , tellement réducteur , peu finaud...)
Le casting est bon : tant l'élève, gueule d'ange mais mental de tueur parfois, que le prof -l'instructeur devrais-je dire- intense, injuste, effrayant. La jeune fille, seul personnage secondaire, vraiment fraîche et charmante.
Quelques scènes sonnent vrai : la rencontre avec cette jeune fille, le début d'une idylle et sa mort dans l'oeuf, scène cruelle et juste.
Pour le reste, une fois installée la mécanique sado-masochiste, le film devient très prévisible.
Pas de graduation , beaucoup d'invraisemblances.
Le film perd toute crédibilité psychologique à partir de la scène au Club de jazz : Andrew, retrouvant son bourreau après avoir tout abandonné et surtout avoir appris jusqu'où l' intransigeance maladive de ce dernier avait mené d'autres élèves, reste sans réaction.
Un vrai syndrome de Stockholm.
La morale est totalement nauséabonde à mes yeux : la fin justifie les moyens , en gros.
Et on ne fait pas d'omelette sans casser d'oeufs.
Encore un film sur la culture américaine, au fond.
Binaire.
Tout ce que je déteste.
MIOR
dimanche 26 octobre 2014
"Magic in the Moonlight" de Woody Allen
Quand vous aurez vu la bande annonce en V.O , vous saurez à peu près tout de ce film.
Il vous restera à aller le voir...ou pas

En effet, comme le décrit très joliment l'acteur Zouheir Zerhouni ici, si aller voir le dernier Woody est un plaisir saisonnier, voire un rituel que l'on ne raterait pour rien au monde, très (trop) souvent, on ressort en disant :
"ça n'était pas le meilleur ! ..."
Ce que je ressens depuis longtemps.
Après les pépites des années 80, la production de Woody Allen m'a souvent parue fade ces dernières années .
EXCEPTION FAITE de "Match Point" (2005) qui fut une véritable secousse, un choc de cinéma, un film vu et revu dont j'aime tout : l'histoire à la "Crime et châtiment", le décor londonien , le couple d'acteurs sublissimes, l'érotisme torride, la fin scotchante...

Rhaa, lovely...mais revenons à nos moutons .
Aujourd'hui, avec "Magic in the Moonlight" on est dans la veine légère de Woody, légerissime même :
pas ou peu d'intrigue , tout est dit en moins de trente minutes, on ne fait ensuite que tourner en rond dans une intrigue relativement convenue, avec des décors kitsch et une vilaine lumière pas du tout du Midi, et un couple d'acteurs qui ne se foule pas trop (ben oui, grosse déception pour moi côté Colin Firth tout de même)
On a un peu le temps de s'ennuyer, bref tout cela m'a semblé très paresseux.
Bon , on est Dimanche , une petite séance ?
MIOR
Il vous restera à aller le voir...ou pas
En effet, comme le décrit très joliment l'acteur Zouheir Zerhouni ici, si aller voir le dernier Woody est un plaisir saisonnier, voire un rituel que l'on ne raterait pour rien au monde, très (trop) souvent, on ressort en disant :
"ça n'était pas le meilleur ! ..."
Ce que je ressens depuis longtemps.
Après les pépites des années 80, la production de Woody Allen m'a souvent parue fade ces dernières années .
EXCEPTION FAITE de "Match Point" (2005) qui fut une véritable secousse, un choc de cinéma, un film vu et revu dont j'aime tout : l'histoire à la "Crime et châtiment", le décor londonien , le couple d'acteurs sublissimes, l'érotisme torride, la fin scotchante...

Rhaa, lovely...mais revenons à nos moutons .
Aujourd'hui, avec "Magic in the Moonlight" on est dans la veine légère de Woody, légerissime même :
pas ou peu d'intrigue , tout est dit en moins de trente minutes, on ne fait ensuite que tourner en rond dans une intrigue relativement convenue, avec des décors kitsch et une vilaine lumière pas du tout du Midi, et un couple d'acteurs qui ne se foule pas trop (ben oui, grosse déception pour moi côté Colin Firth tout de même)
On a un peu le temps de s'ennuyer, bref tout cela m'a semblé très paresseux.
Bon , on est Dimanche , une petite séance ?
MIOR
lundi 20 octobre 2014
" La fabrique du monde " de Sophie Van der Linden
Je suis un peu embêtée.
Je n'ai pas réussi à trouver une seule mauvaise critique de ce livre , alors j'ai bien peur de devoir l'écrire moi-même, histoire de rétablir l'équilibre.
Oui, bien sûr , je pourrais passer mon chemin, me dire, d'autres l'aimeront, et ils en ont bien le droit.
Certes.
N'empêche.
Ce livre est typiquement pour moi le livre dispensable, et j'ai bien le droit de le dire aussi.
Mei, jeune Chinoise, est venue en ville pleine d'espoir, un travail, un logement, de l'argent... Finalement, elle dort, loge, travaille dans l'usine de textiles qui l'a embauchée. A chaque nouvelle commande, un nouveau slogan («Ton courage tu donneras sans limite pour construire une Chine prospère.») motive ces petites mains qui ne font qu'une avec leur machine, efficaces, aguerries à la douleur, sous l'oeil sévère d'un contremaître sans pitié veillant au respect de délais toujours plus oppressants : «Je n'ai pas été au bout de ma douleur car je sais qu'elle est sans fin. Pourtant, je dois garder ma fierté.» Et pourtant, la jeune Mei continue de rêver, sa vie ne fait que commencer, elle rêve d'une rencontre, d'un amour pour la vie. Et le rêve peut-il devenir réalité dans le monde de Mei ?
C'est donc la Chine qui est devenue la fabrique du monde. Une jeune auteure française raconte , imagine ce que peut être le quotidien d'un de ces innombrables petites mains qui cousent nuit et jour NOS vêtements. Comme résumé ici.
J'ai commencé ma lecture avec intérêt, car ce livre était un repérage d'une de mes amies du Club de lecture, qui en avait fait une présentation sensible et attractive.
Très vite pourtant j'ai commencé à tiquer, beaucoup de phrases toutes faites, de dialogues maladroits, de clichés.
Meï est la narratrice, phrases courtes , présent perpétuel.
Lassitude du lecteur. On est à mi-livre (très court)
Et puis, Meï participe à une manifestation spontanée des ouvriers d'une usine voisine pour le paiement des heures supplémentaires.
Punition immédiate : paye supprimée. Catastrophe : Meï ne pourra pas rentrer dans sa famille pour les quelques jours de congés prévus.
Elle se retrouve seule et abandonnée dans le dortoir de l'usine.
Surprise, rencontre, idylle , éveil des sens, drame final.
Dans cette deuxième partie j'ai totalement décroché, je l'avoue. Le style m'a semblé de moins en moins convaincant lors de l'escapade amoureuse de Meï, le dénouement lourdement annoncé...
Je me rapprocherais volontiers de l'avis La Lettrine qui voit dans ce récit une (bonne) lecture pour ses élèves de l'âge de Meï.
Candeur , fraîcheur, c'est un peu léger et superficiel à mon sens pour une lecture adulte, en effet.
Mais d'autres ont aimé :
un peu, chez Canel, voire beaucoup chez George et Blablablamia, ou Lilly in the vallée (avec une bizarrerie dans les commentaires )
MIOR.
Meï est la narratrice, phrases courtes , présent perpétuel.
Lassitude du lecteur. On est à mi-livre (très court)
Et puis, Meï participe à une manifestation spontanée des ouvriers d'une usine voisine pour le paiement des heures supplémentaires.
Punition immédiate : paye supprimée. Catastrophe : Meï ne pourra pas rentrer dans sa famille pour les quelques jours de congés prévus.
Elle se retrouve seule et abandonnée dans le dortoir de l'usine.
Surprise, rencontre, idylle , éveil des sens, drame final.
Dans cette deuxième partie j'ai totalement décroché, je l'avoue. Le style m'a semblé de moins en moins convaincant lors de l'escapade amoureuse de Meï, le dénouement lourdement annoncé...
Je me rapprocherais volontiers de l'avis La Lettrine qui voit dans ce récit une (bonne) lecture pour ses élèves de l'âge de Meï.
Candeur , fraîcheur, c'est un peu léger et superficiel à mon sens pour une lecture adulte, en effet.
Mais d'autres ont aimé :
un peu, chez Canel, voire beaucoup chez George et Blablablamia, ou Lilly in the vallée (avec une bizarrerie dans les commentaires )
MIOR.
samedi 20 septembre 2014
"Trop" de Jean-Louis Fournier
Jean-Louis Fournier a su développer un sacré capital-sympathie, après "Où on va Papa" .
Jean-Louis Fournier, après nous avoir parlé de ses deux enfants lourdement handicapés, avec son humour noir à la Desproges, nous a fait savoir qu'il était maintenant "Veuf" .
Et que sa fille , jusque là normale , avait viré folle de Dieu ("la servante du Seigneur")
J'oserais dire que Jean-Louis Fournier a un mauvais karma.
Son dernier opus s'intitule "Trop".
Sans blague.
Il y fustige la société de consommation. Nous aurions trop de tout. Au risque de n'avoir plus envie de rien. Ben oui hein , nous sommes les enfants gâtés et gavés qui à Noël n'ouvrent plus leurs cadeaux. Ca ferait pas un peu discours de vieux c.., ça par hasard ?
Alors bien sûr JLF s'est mis sous le patronage d'Henry Miller avec cette jolie citation p.60 :
Ne pas dire un mot de toute une journée, ne pas voir de journal, ne pas entendre de radio, ne pas écouter de commérages, s'abandonner absolument, complètement, à la paresse, être absolument, complètement, indifférent au sort du monde, c'est la plus belle médecine qu'on puisse s'administrer.
Par modules de deux pages (parfois la longue pensée se résume fort bien) on trouve du meilleur et du pire.
Je vous laisse deviner qui est qui , pour moi.
TROP DE CHOSES A APPRENDRE
Quand l'écolier part à l'école en tenue de combat, son paquetage pèse 7 kg. Son cartable est rempli de livres, trop de livres, trop de choses à apprendre.
Il doit tout savoir.
Tout savoir sur tout : la date de naissance de Napoléon, la superficie de la Russie, la production de blé en Ukraine... A la fin de la journée, ça fait dans sa tête, une salade russe.
Le soir, quand il rentre, son cartable est toujours aussi lourd mais sa tête encore plus lourde.
Le professeur qui veut bien faire, a voulu la remplir.
Il a trop de devoirs, trop de leçons.
- Apprendre un verbe en -eter. Il a choisi le verbe péter qui à la différence de jeter ne double jamais le t .
- Décrire un château médiéval.
- Utiliser l'écriture fractionnaire comme expression d'une proportion : 3/5 représente les trois cinquièmes.
- Formuler des hypothèses sur le mode de dissémination d'une semence en fonction de ses caractères.
- Raconter et expliquer un épisode des découvertes ou de la conquête de l'empire espagnol d'Amérique.
- Décrire l'évolution démographique de l'Inde.
- Décrire et expliquer le paysage d'un front pionnier.
- Localiser et situer le front pionnier sur le planisphère des grands foyers de peuplement.
- Expliquer les évolutions de la qualité de l'air à l'échelle d'une agglomération.
Et après, quand tout est barré sur son cahier de textes, essayer de dormir, et oublier tout ça.
Il a douze ans.
TROP D'ECRANS, 5 par foyer.
Sur l'écran de mon réveil, je regarde l'heure, sur l'écran de mon smartphone je regarde mes photos, sur l'écran de ma banque, je regarde mes comptes, sur l'écran de mon tableau de bord, je regarde ma vitesse et ma consommation, sur l'écran de mon GPS, je regarde la route à suivre, sans lui je serais perdu.
Sur l'écran de ma liseuse, je lis Marcel Proust, sur l'écran de mon ordinateur, je lis mon manuscrit.
L'écran du distributeur de billets me demande mon code. J'obéis. Je regarde l'écran de la pompe à essence, l'écran de ma tablette. Je lis les stations sur l'écran de mon poste de radio et la référence de la musique que je suis en train d'écouter. Sur l'écran de la webcam, j'échange avec mes amis qui sont en Amérique.
Sur son écran, le cultivateur suit l'état de sa laitière, sa production de lait. Plus besoin de se déplacer, de se mouiller les pieds dans les prés, et d'aller caresser sa vache.
A l'écran du distributeur qui me disait à la fin de l'opération "Merci de votre visite", j'ai failli répondre "Mais je vous en prie".
Les écrans font écran à la vraie vie. On vit par procuration. Parfois, je me demande si l'original existe encore.
Ecran total. Comme si la réalité avait disparu et qu'il n'en restait sur les écrans, que des traces.
Devant l'écran de télévision, je m'endors.
Des écrans de télévision partout, de plus en plus grands.
De plus en plus de chaînes qui nous enchaînent, 280. Des chaînes qui se répètent, des chaînes qui bégaient, rediffusent des rediffusions. Elles émettent souvent 24 heures sur 24.
Je me souviens encore des merveilleux moments qu'enfants, nous passions devant la mire. Avec émotion, nous attendions le début des programmes et l'apparition de Catherine Langeais. Nous avions pour elle, les yeux de Bernadette Soubirou.
La magie a disparu. La télévision est à discrétion , elle coule sans arrêt, à volonté.
Et on n'a pas la volonté de l'arrêter.
TROP DE BEAUTES
Chaque soir, le prince descend avec l'eunuque dans le gynécée. Il va choisir sa compagne de la nuit.
Le prince a 400 femmes dans son harem.
Il a l'embarras du choix.
Il y a les nouvelles qui retiennent son attention, puis les autres, les anciennes auxquelles il reste très attaché.
Il est chaque fois embarrassé et ne sait laquelle choisir.Quand il choisit la blonde évanescente, il pense à la brune incandescente. Puis, il y a la rousse flamboyante...
Laquelle choisir?
Le prince a le syndrome du harem. Il n'a pas le choix, seulement l'embarras du choix.
Parfois, il envie les monogames.
L'eunuque marche devant lui.
Le prince regarde ses jolies petites fesses moulées dans un pantalon de soie...
La quatrième de couverture questionne hardiment : "Un livre de trop ? "
Je serais tentée de dire oui.
Ma camarade Séverine a écrit un billet très joli et beaucoup plus charitable.
Je n'en cite pas d'autres. Ca risquerait de faire trop .
MIOR
mercredi 4 septembre 2013
Mauvaise pioche !
Dilemme. Faut-il chroniquer ici TOUS les livres que je lis pour le Prix ELLE 2014 ...ou pas ?
Bon , l'heure est grave .
Première (grosse) déception avec "Tout ce que je suis" d' Anna Funder ;
ce n'est pas juste que je n'ai guère apprécié ce livre, c'est que je l'ai trouvé mauvais !
Platitude extrême du style, dialogues indigents, personnages sans chair, construction en flash-back peu convaincante...
Je continue ?
J'ai été désespérée quand à la fin , j'ai découvert que l'auteur citait de solides sources, et retraçait une histoire vraie de la résistance allemande au régime hitlérien .
On ne peut pas y croire tellement le récit est confus, sans clarté et encore moins de mise en perspective historique, et une psychologie de roman de gare pour (nous) achever.
Eh bien ...passez votre chemin et n'achetez pas ce livre si vous voulez m'en croire !
MIOR
ps:
chez Folio, "Seul dans Berlin" d'Hans Fallada, sur le même sujet de la résistance allemande, passionnant !
Ou encore "Histoire d'un Allemand" de Sebastian Haffner, qui vous en apprendra tellement plus (Actes Sud)
jeudi 22 novembre 2012
"La vérité sur l'affaire Harry Quebert" de Joël Dicker
"un bon livre , Marcus , est un livre que l'on regrette d'avoir terminé"...
Bien sûr , Harry !
(quoiqu'il y ait même de très bons livres dont la lecture puisse être inconfortable voire éprouvante... mais ne finassons pas )
Je suis assez d'accord avec cette définition, mais là, vraiment, pour moi il y a énorme déception - ou simple méprise ? - sur cet ouvrage que la critique a accueilli très favorablement dans son ensemble
Ainsi alléchée et confortée encore par mon libraire, j'ai eu envie de le lire ...parce que les deux principaux protagonistes sont des écrivains, probablement ! et que les chapitres étaient entrelardés de conseils du prof de littérature à l'élève.
Première déception ... ça ne vole pas très haut de ce point de vue-là (voir citation)
J'avoue en revanche une lecture très rapide , car le livre est riche en rebondissements et que ce point de vue ça fonctionne assez bien (quoique 200 pages de trop, au bas mot, sur les 670... redondances, platitudes , répétitions...)
Si l'histoire est bien ficelée , et que de ce point de vue là c'est bien un roman d'inspiration américaine , ça vous un petit air de pub Canada Dry ! ...je ne vous dis que ça ...
Car pour les amours "interdites" avec une mineure en milieu puritain , nous avions "Lolita" tout de même ; pour la culpabilité et le sentiment d'usurpation, tout Philip Roth, pour les intrigues rocambolesques beaucoup de grands bouquins d'Auster , et pour le polar... beaucoup de grands polars !
Non , franchement, on a l'impression que l'auteur , qui a certainement beaucoup lu , ne dépasse pas le stade du "collage" dans son inspiration même
Par ailleurs c'est censé parler d'une grande passion amoureuse or c'est tout sauf sensuel...
Et puis venons en au fait : ce livre est consternant du point de vue du style !
Faites le test , ouvrez le au hasard ; vous tomberez sûrement sur des dialogues indigents
... ET CE POLAR ETAIT PRESSENTI POUR LE GONCOURT ? ?
(il a d'ailleurs eu le Goncourt des lycéens, passe, mais aussi le prix de l'Académie Française
(il a d'ailleurs eu le Goncourt des lycéens, passe, mais aussi le prix de l'Académie Française
c'est hallucinant...)
Certes je ne suis pas fana des polars , je trouve toujours qu'il y a un côté ridiculement compliqué dans ces intrigues ; mais enfin je suis sûre qu'il y a beaucoup mieux dans ce genre .
Bref, un bouquin à lire en vacances et seulement si on a décidé de ne pas se mettre la barre très haut... ou alors , très bien pour accompagner une bonne grippe (48h au lit et plus que quelques neurones encore actifs)
MIOR
mardi 25 septembre 2012
"Camille redouble" film de Noémie Lvovsky
Bon , bien sûr , on peut toujours s'en tenir au prudent principe du "si vous n'aimez pas ça , n'en dégoûtez pas les autres" mais là j'ai quand même un peu envie de ronchonner...
Noémie Lvovsky , qui est devenue en quelque années LE second rôle du cinéma français , se vit pourtant surtout comme réalisatrice ; elle ne manque pas de talent(s) c'est certain.
Mais là ...c'est lent (totale absence de rythme) c'est paresseux (scénario) et surtout, c'est finalement très convenu! (beaucoup de clichés) ... et c'est bien là qu'est la déconvenue.
Bien sûr , quelques scènes font mouche , en particulier dès que Yolande Moreau est là...
Mais, le choix de Noémie Lvovsky pour incarner le rôle-titre, ainsi que Samir Guesmi, lui aussi adulte dans ce décor de lycée...c'était casse-gueule , bien sûr, et effectivement ça na marche pas, mais alors pas du tout !
Petit détail agaçant : le film est sensé se passer en 1985 , or tous les décors , costumes et détails d'atmosphère sont terriblement seventies . Personne pour relire le scénar , bazar?
Alors ce concert de louanges que nous servent TOUS les critiques me parait très exagéré ;
zut!
si vous n'avez guère le temps d'aller au cinéma ...oserai-je vous suggérer d'aller voir autre chose ?...
Mior
Noémie Lvovsky , qui est devenue en quelque années LE second rôle du cinéma français , se vit pourtant surtout comme réalisatrice ; elle ne manque pas de talent(s) c'est certain.
Bien sûr , quelques scènes font mouche , en particulier dès que Yolande Moreau est là...
Mais, le choix de Noémie Lvovsky pour incarner le rôle-titre, ainsi que Samir Guesmi, lui aussi adulte dans ce décor de lycée...c'était casse-gueule , bien sûr, et effectivement ça na marche pas, mais alors pas du tout !
Petit détail agaçant : le film est sensé se passer en 1985 , or tous les décors , costumes et détails d'atmosphère sont terriblement seventies . Personne pour relire le scénar , bazar?
Alors ce concert de louanges que nous servent TOUS les critiques me parait très exagéré ;
zut!
si vous n'avez guère le temps d'aller au cinéma ...oserai-je vous suggérer d'aller voir autre chose ?...
Mior
jeudi 12 juillet 2012
la liste de mes envies de Grégoire Delacourt
La liste de mes envies de Grégoire Delacourt
J'ai eu envie d'aller voir , après que ce livre a fait un grand succès de librairie, de quoi il retourne... Après tout , pourquoi un livre "populaire" serait-il forcément mauvais? Pour ma part je ne raterais un Anna Gavalda pour rien au monde, par exemple...et pourtant d'aucuns font la fine bouche !
C'est
fluide , agréable de lecture , bien ficelé, avec de bonnes pages ; mais il y a un
côté "Amélie Poulain" qui me gêne, le côté "petit conte juste et sans
prétention" mais un peu simpliste tout de même ...
Je pense
qu'il y a une question d'adhésion au monde proposé par l'auteur qui
se fait ...ou pas ; or dans ce genre lecture- facile- mais- pas-bête , il faut "marcher" à fond.
Cela n'aura pas été mon cas . Si Grégoire Delacourt a été loué pour la finesse de son personnage féminin, il est paradoxalement moins nuancé versant masculin, c'est dommage...
Cela n'aura pas été mon cas . Si Grégoire Delacourt a été loué pour la finesse de son personnage féminin, il est paradoxalement moins nuancé versant masculin, c'est dommage...
Vous
connaissez certainement le début de l'histoire : une petite dame ni
très jeune ni très jolie , mercière à Arras , mariée, avec une petite vie
tranquille et plutôt agréable - personnage sympathique car elle tient un blog ...qui
commence à décoller ! - joue pour la première fois de sa vie au loto
... et gagne (dix huit millions d'euros tout de même)
Souhaitant
prendre le temps d'établir la fameuse "liste de ses envies" et
savourant d'avance cette nouvelle donne, elle préfère garder
la nouvelle pour elle dans un premier temps.
Ce qui créera des situations inattendues ...
Ce qui créera des situations inattendues ...
"il n'y a que dans les livres que l'on peut changer de vie.Que l'on peut tout effacer d'un mot. Faire disparaître le poids des choses . Gommer les vilenies et au bout d'une phrase, se retrouver soudain au bout du monde."
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